Etats-Unis : un exportateur de gaz naturel liquéfié

par Marc-Antoine Collard, économiste chez Société Générale

• Grâce à un boom de la production de gaz, les États-Unis vont se lancer dans l’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL).

• Il est attendu qu’au cours des prochaines années, la demande mondiale de gaz croîtra à un rythme supérieur à tout autre combustible fossile. De plus, de nombreuses livraisons de GNL proviennent de pays où le risque politique est élevé. Ainsi, l’argument de la diversification de l’offre est nettement favorable aux exportations américaines de GNL.

• L’émergence des États-Unis comme exportateur de GNL représente une évolution majeure et un défi de taille pour des pays tels que le Qatar et la Russie. En effet, les contrats de vente de GNL pourraient non plus être indexés sur les cours du pétrole, comme c’est souvent le cas actuellement, mais plutôt sur le prix du gaz américain.

• Cela étant, plusieurs obstacles pourraient limiter l’ampleur des exportations américaines de GNL. Premièrement, les exportations de gaz doivent être soumises au feu vert d’organismes gouvernementaux, un processus long et à l’issue incertaine. Deuxièmement, le débat politique aux États-Unis se concentre sur la question suivante : qui, des producteurs de gaz ou des entreprises manufacturières, doit profiter de la rente gazière ? Troisièmement, ce ne sont pas les conditions de marché actuelles qui importent, mais les conditions futures. Ainsi, la hausse probable du prix du gaz aux États-Unis et la baisse anticipée des prix en Asie au cours des prochaines années risquent d’atténuer la profitabilité des exportations américaines de GNL.

La production américaine de gaz est en hausse…

L’exploitation du gaz de schiste a permis de relancer la production américaine de gaz, qui était en baisse depuis 10 ans. Les États-Unis ont même ravi à la Russie le titre de premier producteur mondial de gaz et devraient conserver cette première place au moins jusqu’à la fin de la décennie.

Selon l'EIA (Agence américaine d'information sur l'énergie), le gaz de schiste deviendra une source d'énergie majeure, représentant environ 50 % de la production totale de gaz d'ici à 2035. Sans l'essor de la production de gaz de schiste, la production de gaz des États-Unis aurait continué de se replier sous l'effet de l'épuisement des gisements traditionnels1.

Aujourd’hui, la croissance de la production de gaz est telle que les États-Unis font figure d’exportateur potentiel de GNL, un concept impensable il y a quelques années seulement.

…Mais des incertitudes planent sur la croissance future de la production

Si la production gazière américaine est en forte hausse, la pérennité de sa croissance dépendra, entre autres, de l’évolution des prix et des objections croissantes de la part du public sur les aspects environnementaux.

– Prix

Selon la plupart des études, la production de gaz est rentable à partir d’un prix oscillant entre 4 et 5 USD/MBtu. Des événements imprévus peuvent bien sûr entraîner des écarts à court terme, mais en général, les ajustements du marché devraient ramener les prix vers leur niveau d’équilibre de long terme.

Or, pendant près de 2 ans, le prix du gaz a été bien en-dessous du niveau d’équilibre de long terme. On se demande dès lors pourquoi la production américaine de gaz est restée élevée en dépit de prix bas. Cela tient au fait que dans l’activité de forage, les puits dits «dry gas wells», qui produisent uniquement du gaz, ont été remplacés par les «wet gas wells», qui produisent, en plus du gaz, du pétrole et des dérivés liquides du gaz naturel, utilisés dans la pétrochimie. En effet, avec des prix élevés pour le pétrole et les dérivés liquides du gaz, les compagnies ont décidé de maintenir une production élevée, considérant le gaz comme un sous-produit.

– Enjeux environnementaux

Les groupes environnementaux sont divisés sur l'opportunité d'une plus grande production et utilisation du gaz. Les partisans y voient la possibilité de réduire les émissions de carbone par rapport à d'autres hydrocarbures, alors que les opposants soulignent que le gaz nuit au développement des sources d’énergie renouvelable.

En outre, la fracturation hydraulique utilisée pour la production d’énergie non conventionnelle nécessite de grandes quantités d’eau et a recours à des additifs potentiellement nocifs. L'utilisation de l'eau dans la fracturation est suspectée de pouvoir contaminer les eaux souterraines et de surface.

L’Agence américaine de protection de l’environnement mène actuellement une étude (attendue pour 2014) sur les effets de la fracturation hydraulique sur les ressources en eau potable, tandis que l’industrie, de son côté, a réalisé des études afin de promouvoir la sécurité de cette technique. Plusieurs États ont toutefois essayé de limiter la fracturation hydraulique et le Vermont l’a même complètement interdite.

Le succès du gaz de schiste aux Etats-Unis est assez unique

Au vu du récent redressement de la production gazière américaine, d’autres pays ont commencé à étudier des possibilités similaires. En juin 2013, l’EIA a publié une étude sur les ressources mondiales de gaz de schiste, dans laquelle il est fait état d’importantes ressources techniquement exploitables (RTE)2. Cette étude est une mise à jour d'une évaluation préalable effectuée en avril 2011.

Pour des pays comme la France, la Pologne ou l’Afrique du Sud, qui n’ont pas ou peu de réserves de gaz conventionnel, les réserves estimées de gaz de schiste sont importantes par rapport à leur consommation actuelle de gaz.

À la suite du rapport de l’EIA, la Chine et la Pologne ont réalisé leurs propres études sur leurs ressources en gaz de schiste. Dans les deux cas, les résultats se sont avérés inférieurs aux estimations de 2011 de l’EIA, de 30 % dans le cas de la Chine et de plus de 65 % dans le cas de la Pologne3. Pour les États-Unis, les estimations de 2013 ont été revues à la baisse de plus de 20 % par rapport à celles de 2011.

Bien que les différences entre les données chinoises et polonaises par rapport à celles de l’EIA puissent s’expliquer par des différences de méthodologie, il est important de noter que les estimations des RTE sont sujettes à caution, notamment pour les pays émergents où peu de puits ont été forés.

En effet, les estimations initiales ont tendance à varier de manière significative dans le temps au regard des nouvelles informations géologiques obtenues à l’aide des forages supplémentaires et des précisions apportées sur la productivité à long terme des puits existants. Les estimations peuvent également varier du fait de la hausse de la productivité des nouveaux puits sous l’effet des avancées technologiques et de l’amélioration des pratiques de gestion.

En outre, même s’il existe de grandes quantités de gaz de schiste à travers le monde, la capacité des producteurs à l’extraire reste incertaine4. Exception faite des États-Unis, il n’existe à l’heure actuelle pratiquement aucun pays capable de l’exploiter commercialement à grande échelle. Plusieurs facteurs donnent également à penser que la croissance de la production mondiale de gaz n’atteindra pas les proportions observées aux États-Unis.

Ce pays jouit en effet d’atouts souvent uniques : les propriétaires fonciers y détiennent aussi les droits miniers, l’accès aux financements est facilité, des entreprises indépendantes sont prêtes à prendre des risques lorsque les enjeux financiers le justifient, et l’industrie des services pétroliers est très développée, fournissant des plateformes de forage, des outils et un savoir-faire spécialisés. En somme, à court terme, les États-Unis devraient continuer de profiter de leur position unique pour exploiter leurs ressources énergétiques non conventionnelles.

A quel niveau situer les exportations américaines de GNL ?

Les exportations de gaz aux États-Unis ne sont pas quelque chose de nouveau. Historiquement, elles ont été principalement réalisées par gazoducs vers le Mexique et l'est du Canada. Grâce à l'essor de la production de gaz de schiste, des entreprises envisagent maintenant d’exporter de grandes quantités de GNL.

Cheniere Energy, groupe d’énergie basé à Houston et spécialisé dans les projets GNL, a investi 10 Mds USD dans un terminal de GNL à Sabine Pass, à la frontière entre le Texas et la Louisiane. Ce terminal aura une capacité d’exportation de 18 millions de tonnes de GNL par an et sera le premier terminal d’exportation de GNL sur le territoire des États-Unis continentaux5.

À la fin mai 2013, plusieurs autres demandes de permis avaient été déposées pour différents projets, représentant une capacité de liquéfaction totale de 230 millions de tonnes par an6. Si tous ces projets étaient approuvés et voyaient le jour, les États-Unis pourraient ainsi devenir un des premiers exportateurs mondiaux de GNL. À titre de comparaison, le Qatar, qui est actuellement le leader mondial, affiche une capacité de production de 77 millions de tonnes par an. Plusieurs obstacles risquent toutefois de limiter les exportations américaines de GNL.

– Obstacles réglementaires

Aux États-Unis, avant toute exploitation commerciale, les projets de GNL doivent obtenir le feu vert de deux administrations. Premièrement, le Département de l’énergie (DOE) doit donner son autorisation en vue de l’exportation gaz – dont le GNL. Deuxièmement, la Commission fédérale de régulation de l’énergie (FERC) doit donner son feu vert à l’implantation, à la construction et à l’exploitation de tout terminal onshore d’exportation de GNL.

L’autorisation du DOE est presque automatique lorsque les marchés concernés sont des pays avec lesquels les États-Unis ont déjà signé un accord de libre-échange (ALE)7. Les demandes concernant des pays non signataires d’un ALE sont quant à elles examinées très attentivement. Or, les principaux marchés à l’exportation se trouvent aujourd’hui dans des pays avec lesquels les États-Unis n’ont pas signé d’ALE, à savoir le Japon, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Inde et la Chine, lesquels représentaient collectivement près de 60% de la consommation mondiale de GNL en 2011. À ce jour, deux projets ont obtenu l’autorisation d’exporter du GNL vers des pays non signataires d’un ALE, et cette autorisation est soumise à conditions8.

De son côté, la procédure d’autorisation de la FERC est généralement plus longue car elle met l’accent sur la sécurité opérationnelle et l’impact environnemental du terminal concerné. Dans le cadre de cette procédure, le public est consulté et la construction du terminal ne peut commencer qu’après délivrance des autorisations prévues par la législation sur la qualité de l’eau, la qualité de l’air et la gestion des zones côtières.

– Obstacles politiques

Outre la réglementation, plusieurs autres facteurs s’opposent à ce que les États-Unis deviennent un grand exportateur de GNL. Le débat politique se concentre sur la question suivante : qui doit profiter de la rente gazière ?

D’un côté, les producteurs de gaz peuvent espérer des prix plus élevés en vendant leur gaz sur les marchés étrangers. De l’autre, certaines entreprises manufacturières peuvent réaliser des bénéfices plus élevés en vendant leurs biens produits à l’aide d’un gaz à bas coût. Ainsi, certains parlementaires américains craignent que les exportations de GNL n’entraînent une hausse du coût du gaz aux États-Unis, mettant en péril le redressement des industries manufacturières – notamment pétrochimiques – dépendantes d’un gaz à bas prix. D’ailleurs, le marché de l’emploi dans plusieurs états américains a bénéficié du boom énergétique que connaissent les Etats-Unis.

De plus, de nombreux parlementaires craignent une hausse potentielle de la facture énergétique pour les consommateurs en cas de trop fort volume d’exportations de GNL. Rappelons que l’abondance du gaz a favorisé la production d’électricité à l’aide de ce combustible, principalement aux dépens du charbon.

– Ecarts de prix

D’un point de vue de long terme, ce ne sont pas les conditions de marché actuelles qui importent, mais les conditions futures. Or, les incertitudes concernant l’évolution des écarts de prix entre les États-Unis et l’Asie/Europe sont très élevées9.

D’une part, il est communément admis que le prix actuel du gaz américain, qui a été sous la barre des 4 USD/MBtu au cours des 2 dernières années, est trop bas et que tôt ou tard, il convergera vers le coût marginal de production de long terme, qui est estimé au minimum à 4 USD/MBtu.

D’autre part, le niveau élevé des prix du gaz en dehors des États-Unis, notamment en Asie, s’explique en partie par la hausse spectaculaire de la demande japonaise de GNL due à la fermeture de l’ensemble des centrales nucléaires du pays au lendemain du tsunami de mars 2011.

Or, le redémarrage attendu de la production d’énergie nucléaire au Japon, mais aussi la croissance des énergies alternatives comme l'éolien et le solaire, sont susceptibles d'exercer une pression à la baisse sur la demande de GNL japonais. La production d’électricité grâce au mazout – plus coûteuse – est néanmoins susceptible d'être le premier combustible fossile à faire les frais du redémarrage de la production d’énergie nucléaire.

De plus, le niveau relativement élevé des prix en Asie, mais aussi en Europe, a déjà déclenché des réactions du côté de l’offre. En effet, une douzaine de sites de liquéfaction de GNL sont actuellement en cours de construction, dont sept en Australie, représentant une capacité totale de 80 millions de tonnes par an. Lorsqu’ils seront tous terminés, probablement d’ici 2018, ils permettront d’accroître les capacités mondiales d’exportation de GNL d’environ 50 % par rapport à aujourd’hui.

En fait, si les projets mondiaux engagés et proposés devaient voir le jour, les capacités mondiales de GNL atteindraient près de 900 millions de tonnes par an, soit plus de trois fois leur niveau actuel, un scénario très improbable, mais qui illustre bien la concurrence mondiale à laquelle seraient confrontés les États-Unis en cas d’exportation de GNL.

De plus, le développement prévu de la capacité d’exportations par gazoducs en provenance de la Russie – mais également de l’Asie centrale et du Sud – vers la Chine amoindrira les besoins en GNL de ce pays, permettant de libérer ces livraisons pour les consommateurs en Corée du Sud et au Japon.

Bref, tous ces facteurs vont dans le sens d’une réduction des écarts entre les prix du gaz observés entre les différents marchés, ce qui devrait limiter les perspectives pour les exportations américaines de GNL10.

– Facteurs néanmoins favorables aux exportations américaines de GNL

Cela étant, le Moyen-Orient est un grand producteur de gaz, mais aussi un consommateur de plus en plus gourmand. La croissance de sa production gazière ralentit et selon toute probabilité, une bonne partie de la hausse future de la production servira à répondre à la demande domestique supplémentaire – surtout au Qatar et en Arabie saoudite – et non à accroître les exportations.

Plus largement, il est attendu qu’au cours des prochaines années, la demande mondiale de gaz croîtra à un rythme supérieur à tout autre combustible fossile. À horizon 2035, le secteur de la production d’électricité devrait représenter 40 % de la demande supplémentaire de gaz.

Par ailleurs, la perspective de substitution de pétrole par le gaz dans le secteur du transport pourrait avoir un impact considérable sur la demande de gaz. On estime à 15 millions le nombre de véhicules au gaz naturel sur les routes en 2011, principalement en Iran, au Pakistan, en Argentine, au Brésil et en Inde, et le potentiel existe pour une croissance rapide dans ce segment du transport. En effet, les prix élevés du pétrole et les inquiétudes concernant la pollution pourraient contribuer à stimuler davantage l'intérêt pour l'utilisation du gaz comme carburant pour le transport routier.

Dans ce contexte de demande croissante, le commerce international de gaz devrait continuer à se développer. Parmi les grands importateurs, il est prévu que les besoins de l'Europe vont augmenter de plus de 30 % d’ici 2020. C’est néanmoins d’Asie que proviendrait la plus forte augmentation de la demande. Par exemple, d’ici la fin de la décennie, la Chine représenterait près de 40 % de l'expansion du commerce international de gaz.

Enfin, il convient de prendre en compte le risque politique. De nombreuses livraisons de GNL proviennent de pays où ce risque est élevé. L’argument de la diversification de l’offre est donc nettement favorable aux exportations américaines de GNL, et plusieurs pays importateurs ont exprimé leur intérêt en participant aux projets d’exportation proposés11.

– Conséquences mondiales

Tout compte fait, il est estimé que les États-Unis consacreraient environ 5 % de leur production de gaz aux exportations de GNL d’ici à 2020, dont les deux tiers à destination des marchés asiatiques. Malgré une certaine convergence anticipée, les prix du gaz à travers le monde sont susceptibles de rester malgré tout séparés puisque les exportations américaines de GNL seront vraisemblablement insuffisantes pour faire augmenter les prix aux États-Unis au niveau mondial.

Néanmoins, on ne saurait que trop souligner l’importance de cette évolution et de ses conséquences pour le modèle économique des grands producteurs de gaz comme la Russie, mais également le Qatar qui représente à lui seul un tiers des exportations mondiales de GNL.

Les entreprises et les pays fournissant du GNL pourraient subir une pression croissante de la part de leurs clients pour qu’ils revoient leurs contrats et assouplissent l’indexation sur les prix du pétrole.

En effet, pendant des décennies, le GNL a largement été vendu dans le cadre de contrats couvrant une période de 20 ans, indexés pour la plupart sur les prix du pétrole. L’émergence des États-Unis comme exportateur potentiel de GNL, avec la possibilité de négocier des contrats désormais indexés sur les prix (très bas) du gaz américain, constitue donc une évolution majeure.

S’agissant de la Russie, certains de ses clients, comme la Pologne, explorent actuellement des dépôts non conventionnels qui pourraient leur permettre de réduire leur dépendance aux importations russes. En outre, la Chine possède de telles réserves de gaz de schiste qu’elle pourrait revoir à la baisse son projet de longue date d’importer massivement du gaz russe par l’intermédiaire d’un nouveau gazoduc sibérien.

Rappelons que la Russie est très dépendante des prix de l’énergie, la production de pétrole et de gaz représentant environ 30 % du PIB russe. Étant donné l’écart de prix sans précédent entre le gaz et le pétrole, une forte incitation à remplacer ce dernier par le gaz dans le secteur des transports a vu le jour à travers le monde et pourrait entraîner une baisse des prix du pétrole.

Or, conséquence de l’envolée des recettes budgétaires provenant des hydrocarbures au cours de la dernière décennie, les dépenses de l’État russe ont été multipliées par huit. De ce fait, le breakeven fiscal (prix du baril de pétrole à partir duquel les recettes couvrent les dépenses) est passé de 34 USD le baril en 2007 à plus de 115 USD en 2012. Cela montre donc une certaine vulnérabilité du pays face aux implications du boom énergétique américain12.

Conclusion

Au final, l’envolée en cours de la production américaine de gaz non conventionnel est une bonne nouvelle non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour l’économie mondiale. En soutenant et en diversifiant l’offre, elle va permettre de desserrer les contraintes énergétiques mondiales et ainsi d’améliorer l’arbitrage entre la croissance mondiale et l’inflation.

Tous les pays ne profiteront toutefois pas de cette évolution et de nouveaux risques pourraient apparaître. Ainsi, pour de grands producteurs comme la Russie et le Qatar, l’avenir y apparaît plus incertain qu’il y a dix ans.

NOTES

  1. Cela explique pourquoi, au début des années 2000, les acteurs du marché investissaient massivement pour faciliter l’importation aux États-Unis de gaz naturel liquéfié (GNL).
  2. Les grands pays producteurs de gaz conventionnel qui ne sont pas couverts par l’étude (notamment l’Iran et l’Arabie saoudite) possèdent probablement d’importantes réserves de gaz de schiste, celui-ci se trouvant souvent au-dessous des champs gaziers conventionnels. Cela étant, l’extraction du gaz de schiste nécessite beaucoup d’eau et il sera difficile de trouver, dans le nord de l’Arabie saoudite, une source d’eau qui pourrait être utilisée autrement que comme source d’eau potable ou pour l’agriculture. Dans l’ensemble, compte tenu de la difficulté d’accès des dépôts saoudiens, le coût de l’exploitation du gaz de schiste y est estimé entre 8 et 9 USD/MBtu, soit deux fois le coût estimé de son extraction aux États-Unis.
  3. Voir Ministère chinois de l’aménagement du territoire et des ressources et Institut polonais de géologie.
  4. Exxon Mobil a annoncé en juin 2012 l’arrêt de son activité d’exploration en Pologne, l’exploitation de ses deux nouveaux puits gaziers n’étant pas viable commercialement.
  5. Il existait pour l’instant un seul terminal aux É.-U., situé en Alaska, qui exporte principalement vers le Japon et représente moins de 1 % des échanges mondiaux de GNL.
  6. IHS CERA, mai 2013.
  7. Les États-Unis ont signé des ALE avec 16 pays : Australie, Bahrein, Canada, Chili, Corée du Sud, Guatemala, Honduras, Jordanie, Mexique, Maroc, Nicaragua, Oman, Pérou, République dominicaine, Salvador et Singapour. La récente entrée en vigueur de l’accord conclu avec la Corée du Sud, deuxième consommateur mondial de GNL, va permettre d’accéder à un marché à fort potentiel.
  8. Le DOE a accordé Cheniere Energy et Freeport LNG une approbation conditionnelle pour l'exportation de GNL vers les pays non signataire d’un ALE, mais se réserve le droit de révoquer cette autorisation s’il s’avère que ces exportations (ou d’autres exportations) de GNL réduisent les réserves de gaz nécessaires pour répondre aux besoins essentiels du pays. De plus, Freeport LNG doit encore obtenir un permis de la FERC avant de poursuivre avec la construction de toutes installations.
  9. Pour rappel, en 2009-2010, alors que la demande énergétique s’effondrait en Europe sous l’effet de la crise financière, un surplus de GNL qatari est apparu sur le marché du gaz, déprimant les prix. En effet, le Qatar s’était doté d’importantes capacités pour approvisionner les États-Unis, mais ces derniers n’avaient plus besoin de son gaz du fait du boom américain du gaz de schiste.
  10. On estime que le coût total à la livraison des exportations américaines de GNL (depuis le Golfe du Mexique) se situerait entre 8 et 10,50 USD/MMBtu, selon la destination. À ces niveaux, le GNL américain pourrait être livré en Asie à un coût inférieur au prix indexé sur le pétrole qui prévaut actuellement dans cette région. Inversement, le prix livré en Europe serait dans le meilleur des cas à peine rentable au regard de l’évolution attendue des prix du marché.
  11. A titre d’exemple, Gas Natural Fenosa (Espagne), KOGAS (Corée du Sud) et Gail (Inde) ont tous signé des accords avec Cheniere Energy. 12 Cf. ÉcoNote No 17 « Indépendance énergétique des États-Unis », mai 2013.
  12. Cf. ÉcoNote No 17 « Indépendance énergétique des États-Unis », mai 2013.