par Philippe Ithurbide, Directeur Recherche, Stratégie et Analyse chez Amundi
• La décision de la Fed de repousser à plus tard l’atténuation de son programme d’achats d’actifs a redonné de la vigueur aux marchés financiers et permet de mettre un peu plus de risque dans les portefeuilles, au moins pour un temps. La hausse des taux longs est contenue à court terme, avec les effets positifs que l’on imagine sur les actions et le crédit. Nous faisons l’hypothèse qu’un accord sur le plafond de la dette sera conclu aux États-Unis.
• Nous ne modifions fondamentalement pas nos vues pour autant, des vues caractérisées depuis plus d’un an et demi par des surpondérations en actifs risqués, et de sous- pondérations en obligations souveraines.
Depuis quelques mois, nous préférons les actions aux obligations d’entreprises, dont les spreads ne protègent plus suffisamment des risques, notamment du risque de hausse des taux longs. Cela est d’autant plus valable que les spreads sont bas, et nous préférons de ce fait le High Yield à l’Investment Grade. Les actions européennes devraient profiter de la – faible mais réelle – amélioration des conditions économiques dans cette zone, et la surprise vient davantage de la zone euro que du Royaume-Uni ou de l’Europe du Nord; cela nous fait préférer la zone euro au reste de l’Europe. Cela faisait bien longtemps…
• Les actions japonaises continuent de nous intéresser, mais en conservant la protection contre la faiblesse du yen.
• Même si un léger mieux est perceptible, nous retenons pour nos portefeuilles la nécessité de rester très sélectif sur les dettes et les actions émergentes. La surliquidité mondiale va être poursuivie: le Japon est coincé dans sa logique actuelle, la BCE va être forcée de procéder à de nouvelles injections de liquidités via un LTRO #3, et la Fed est gênée à l’idée d’interrompre son programme de QE. Malgré cela, le débat sur la liquidité refera surface bientôt, ce qui signifie que les entités (entreprises et États) ayant des problèmes de liquidité – vulnérabilité – solvabilité auront désormais plus de difficultés à lever des fonds sur les marchés. Plus que jamais, ne pas considérer le monde émergent comme un bloc. Notre position est neutre globalement, mais avec des préférences marquées à l’intérieur de ce groupe pour les pays à plus faibles déficits courants, plus faibles besoins de financement, et plus faible dette externe.
• La zone euro n’est pas non plus un bloc homogène. Même si la hausse des taux longs US est actuellement maîtrisée, l’amélioration des conditions de croissance de la zone pousse les taux longs à la hausse… que seule la perspective d’un nouveau LTRO permet de contenir. Au total, pas de crainte de remontée brutale et ample des taux longs en zone euro, mais la tendance est amorcée. La situation politique italienne s’est apaisée, ce qui conforte notre surexposition Italie. Le potentiel de resserrement des spreads des dettes souveraines nous semble limité, mais le portage est d’autant plus intéressant que QE et LTRO se poursuivent. Cela vaut pour la plupart des périphériques.
• L’euro est un peu surévalué, et la position longue USD vs EUR est conservée. L’impact sur la parité du maintien du QE aux États-Unis est annulé par la perspective d’un LTRO en zone euro. Le yen devrait rester faible et les portefeuilles couverts contre la devise.