Par Klaus Wiener, Directeur de la recherche de Generali Investments Europe
• Les marchés financiers viennent d'entamer une période difficile. Les investisseurs étant de plus en plus préoccupés par les incertitudes concernant le niveau de la croissance mondiale et les risques géopolitiques accrus, les marchés ont subi une correction assez forte pendant les premières semaines d'octobre. Un rebond est ensuite intervenu dans le courant du mois.
• Avant la fin de l'année, nous estimons que les marchés devraient continuer à effacer leurs pertes une fois que les inquiétudes sur la croissance américaines s'avèreront infondées et dans le contexte d'un assouplissement (accru) attendu de la part de la BCE.
Pendant les premières semaines d'octobre, les marchés financiers ont fait preuve d'une forte aversion au risque. Le rendement des emprunts d'État des pays core de la zone euro a chuté pour atteindre de nouveaux planchers (par ex. 0,72 % sur le Bund à 10 ans) et les actions ont également reculé assez fortement. De plus, malgré un rebond dans le courant du mois, l'indice MSCI EMU se traite actuelle- ment environ 7 % en dessous de son point haut de début septembre. De même, le spread des emprunts d'État de la zone euro périphérique sur le Bund s'est élargi.
Ces évolutions de marché marquées sont surtout attribuables à des craintes en matière de croissance et de déflation. En plus de la situation macroéconomique difficile en zone euro et d'indicateurs de sentiment faibles en provenance de Chine, le marché a craint un possible ralentissement de l'économie américaine. Par ailleurs, les anticipations inflationnistes ont continué à baisser. En zone euro, les anticipations à terme 5 ans/5 ans ont atteint un plancher de 1,7 %. Ce niveau est même inférieur au point le plus bas de la grande crise financière. De plus, les risques géopolitiques, notamment celui d'une propagation du virus Ebola, pèsent sur le sentiment du marché. Enfin, les marchés ont été ébranlés par l'évolution politique en Grèce. Si le gouvernement ne rassemble pas une majorité avant les élections présidentielles de février, des élections législatives anticipées pourraient s'avérer nécessaires. D'après les sondages, le parti au pouvoir ND est largement devancé par le parti d'opposition de gauche Syriza qui me- nace de se retirer des accords conclus avec la « Troïka ». Ces incertitudes ont amené le rendement de l'emprunt grec à 10 ans à plus de 8 %, contre 5,5 % à la mi-septembre.
À l'avenir, nous craignons une forte détérioration des fondamentaux. De plus, si la croissance nominale reste quasi-nulle dans les pays en difficulté de la zone euro, la gestion des problèmes d'endettement et de déficit deviendra extrêmement délicate malgré des coûts de financement infimes. Malheureusement, étant donné la faiblesse de la croissance, cette incertitude accaparera les marchés encore longtemps.
Assouplissement quantitatif de plus en plus probable en zone euro
Cela dit, certains aspects sont positifs. Nous prévoyons surtout que la BCE se montrera encore plus conciliante. Il est effectivement de plus en plus probable qu'elle adoptera un programme d'assouplissement quantitatif similaire à ceux que la Fed et la Banque d'Angleterre ont adoptés par le passé. Dans un premier temps, ce programme pourrait être confiné aux actifs du secteur privé (obligations d'entreprises non financières notamment) mais même l'achat d'emprunts d'État est envisagé. Comme l'achat à grande échelle d'actifs du secteur privé est l'instrument anti-déflation le plus puissant dont dispose une banque centrale, tout nouveau signal dans ce sens améliorera le sentiment du marché. La BCE se montrera à notre avis encore plus disposée à de telles mesures lors de sa conférence de presse de novembre. Comme les inquiétudes relatives à la croissance des États-Unis (et dans une certaine mesure de l'Allemagne) paraissent exagérées, il nous semble probable que d'ici la fin de l'année, les actifs à risque continueront d'effacer au moins en partie les pertes qu'ils ont subies. Cela dit, le rendement des obligations à long terme du centre de la zone euro (Bund à 10 ans) devrait rester inférieur à 1 %.