par Hélène Baudchon, économiste au Crédit Agricole
• Les Minutes du FOMC des 17-18 mars révèlent la préoccupation de la Fed à l’égard des risques baissiers sur la croissance et l’inflation. Le gonflement de son bilan est largement justifié,
• Le déficit extérieur sur les échanges de biens et services s’est réduit à 26 milliards de dollars en février,
• Le déficit budgétaire fédéral est attendu à 191 milliards de dollars en mars.
Pour les membres du FOMC, les risques baissiers sur la croissance et l’inflation prédominent à court terme. Ils jugent donc prudent d’augmenter plus encore le stimulus monétaire. Le débat restitué par les Minutes du FOMC des 17-18 mars a porté sur les meilleurs outils pour y arriver, pour conclure que l’utilisation agressive et simultanée d’une palette large était la solution la plus appropriée compte tenu de l’incertitude entourant l’impact d’une méthode en particulier. D’où le recours à l’achat de titres longs du Trésor (à hauteur de 300 milliards de dollars à l’horizon des six prochains mois et la Fed en a déjà acquis pour 36 milliards) et les 850 milliards de dollars supplémentaires d’achats de titres émis ou garantis par Fannie Mae et Freddie Mac à l’horizon de la fin de l’année. A noter que l’objectif des 600 d’origine est parti pour être atteint d’ici la fin juin.
Presque tous les membres du FOMC ont noté que la situation économique s’était dégradée plus qu’attendu depuis le FOMC de fin janvier, le résultat de la contraction brutale des échanges commerciaux et de l’interaction délétère entre crise financière et récession. Plusieurs membres ont également exprimé leur inquiétude à l’égard des perspectives d’inflation, certains mentionnant même le risque de déflation. Le staff de la Fed a révisé en conséquence ses prévisions de croissance à la baisse, anticipant pour le second semestre 2009 une stabilisation et reportant à début 2010 la reprise, elle-même attendue lente. Nous sommes tout à fait en ligne avec un tel scénario central. Le jeu complet des prévisions sera publié avec les Minutes du FOMC d’avril.
Le déficit extérieur sur les échanges de biens et services s’est réduit à 26 milliards de dollars en février, soit 10 milliards de moins qu’en janvier. Sur l’ensemble du premier trimestre, il pourrait ne représenter plus que 2,5 % du PIB, retrouvant ainsi son niveau d’il y a dix ans. A la faveur de la récession, le dégonflement du déficit extérieur devient sensible, tout comme le gonflement du déficit budgétaire.
Cette énorme amélioration mensuelle s’explique par la progression surprise des exportations, tous secteurs d’activité et toutes destinations confondus, tandis que les importations ont poursuivi leur chute. Cette progression des exportations est peut-être un premier signe de reprise des échanges commerciaux, alimentée par la détente relative des conditions de financement. Ces évolutions font peser un risque haussier sur la croissance du PIB au premier trimestre, la contribution du commerce extérieur s’annonçant significativement positive et non plus neutre.