La délicate transition chinoise

par Laetitia Baldeschi, Stratégiste chez CPR AM

L’époque où la Chine affichait une croissance à deux chiffres est révolue. Le pays est entré, selon son président Xi Jinping, dans l’ère de la « nouvelle normalité». Celle d’une croissance à 7 %, dont les moteurs ont évolué depuis les années 2000. Les exportations ne sont plus le fer de lance de l’économie chinoise, qui s’est recentrée sur sa consommation intérieure et sur les réformes structurelles. La vision d’une croissance stable et durable s’impose, mais pourrait se heurter en 2015 à deux problèmes.

L’immobilier demeure en effet la grande inconnue chinoise. Le morcellement de ce secteur rend son appréhension délicate. Il pèse pourtant 15 % du PIB chinois, selon le FMI, et un ralentissement des prix y est à l’œuvre. Un effondrement brutal devrait cependant être évité car le secteur bénéficie de plusieurs facteurs de soutien dont celui, de poids, du gouvernement. Face à un besoin structurel de logements, ce dernier a la puissance financière nécessaire pour soutenir les professionnels ou subventionner des programmes de construction, notamment de logements sociaux. Il ne semble d’ailleurs pas exclure le recours à des mesures spécifiques de soutien. Dans un pays où les options d’investissement sont peu nombreuses pour les ménages, l’immobilier demeure également un placement de choix.

Second risque majeur, l’endettement. Plus que son niveau, sa croissance pose problème, en particulier parmi les entreprises publiques et les gouvernements locaux. Le sujet est devenu une des priorités du gouvernement central. La solution passe par la maîtrise de la distribution du crédit, et donc par le crédit bancaire. La réforme des modes de gouvernance est également un signal positif, mais dont les effets ne se feront sentir qu’à plus long terme.

La croissance chinoise n’est donc pas à l’abri d’à‐coups au cours de l’année. Le gouvernement a toutefois laissé entendre, lors de la 3ème session du 13ème Congrès National du Peuple, qu’il n’hésiterait pas utiliser les armes à sa disposition en cas de besoin, notamment au travers d’un assouplissement des conditions monétaires.