par Nick Sheridan, Gérant des fonds Henderson Horizon Euroland et Henderson Horizon Pan European Dividend Income
De nombreux observateurs estiment que les mesures d’assouplissement quantitatif ont gonflé le cours des actifs et permis d’atténuer la volatilité sur tous les actifs financiers. Si l’on regarde les résultats enregistrés depuis le début de l’année, il semble que la normalisation des taux d’intérêt enclenchée par la FEDa eu l’effet inverse, déprimant les marchés et augmentant la volatilité.
Pourtant, il serait aisé de se concentrer sur les points positifs offerts par les actifs de la zone Euro : la politique monétaire accommodante de la Banque Centrale Européenne, les valorisations relativement faibles comparées aux autres pays développés et la possible reprise des marges bénéficiaires des sociétés de la région, auxquels s’ajoutent encore les revenus attractifs des valeurs européennes.
Mais une attitude optimiste peut, malheureusement, coûter cher. Les actions de la zone Euro ont été réévaluées suite à la stagnation d’ensemble des bénéfices au cours des dernières années et toute menace d’une reprise des marges bénéficiaires des sociétés pourrait poser problème. Pourtant, l’Europe semble bien partie pour enregistrer une reprise soutenue (et prolongée) en comparaison de l’économie chinoise qui elle, semble ralentir rapidement.
La dévaluation du renminbi pourrait permettre de dynamiser la croissance de la deuxième économie mondiale mais une telle mesure mettrait également fin à la reprise de l’économie européenne. L’économie chinoise étant « planifiée », le marché ne peut pas imposer le cours du renminbi et toute fluctuation de la devise sera donc d’ordre politique. Par ailleurs, les États-Unis se trouvent toujours confrontés à un dilemme. Bon nombre de sociétés ont saisi l’occasion offerte par des taux d’intérêt historiquement bas pour échanger leurs actions contre des créances. La normalisation des taux d’intérêt pourrait donc être une source de problème pour Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale américaine.
La volatilité devrait, dans un tel environnement, rester élevée au sein des marchés financiers. Si elle a un effet négatif sur le sentiment des investisseurs, elle est également une source d’opportunités à long terme.
En effet, le lien entre le cours des différents actifs devient moins fort lorsque la nervosité des investisseurs est attisée. Cela peut générer des opportunités attractives, en termes de valorisation, notamment pour les gérants d’actifs mettant l’accent sur les fondamentaux des sociétés.
Le fabricant automobile Renault illustre bien ce phénomène, la société ayant subi des pressions sur ses ventes au début de l’année 2016 en raison du degré d’incertitude pesant sur le marché, associé à l’annonce de tests sur les moteurs de Renault (et de tous les autres fabricants automobiles français) suite à l’affaire Volkswagen de l’année dernière. Nous étions convaincus que ce rapport n’allait, en réalité, qu’être un ‘pétard mouillé’ et ceci s’est avéré être le cas. Il nous a toutefois permis d’augmenter notre position à un cours attractif.
Plus globalement, si l’on exclut les questions d’ordre politique, notamment les négociations autour de la sortie du Royaume-Uni, la zone Euro semble bien soutenue.
Les taux de change et la baisse du cours du pétrole (déflationnistes mais positifs pour les consommateurs et les sociétés) restent un élément positif, alors que les indices des directeurs d’achat continuent de pointer vers une croissance lente. La politique monétaire devrait demeurer expansionniste en Europe et les prêts bancaires devraient augmenter, ce qui permettrait d’accroître les dépenses internes au sein de la zone Euro et éventuellement de conduire à une augmentation des dépenses en capital des sociétés.
Nous sommes donc optimistes quant à la situation économique de la zone Euro mais le risque de chocs externes reste le principal obstacle qui pourrait mettre un frein à nos prévisions, que ce soit sous la forme d’un ralentissement ou d’une dévaluation de la devise chinoise ou encore d’une morosité du marché américain liée à la contraction des bénéfices, le coût des emprunts se faisant sentir. Il est important de noter qu’un investissement sur une région donnée ne peut pas vraiment être isolé d’une autre région et que les fluctuations du marché à court-terme, à moins qu’elles soient d’ordre politique, sont généralement liées. D’un autre côté, les rendements à long terme des actionnaires sont générés grâce aux bénéfices réalisés sur les actifs sous- jacents d’une société et, de ce point de vue, la zone Euro semble se reprendre.