par Philippe Waechter, Directeur de la recherche économique chez Natixis AM
Le taux d’inflation de la zone Euro (estimation avancée) s’est inscrit à 0.4% en septembre. C’est le chiffre le plus élevé depuis octobre 2014. En août l’inflation n’était que de 0.2%. Le taux d’inflation sous-jacent est stable à 0.8% !
L’explication de cette remontée de l’inflation est liée au prix de l’énergie comme je l’avais déjà expliqué ici.
Reprenons. La décomposition en contributions de l’indice des prix montre que la contribution de l’énergie est nettement moins négative que celle observée dans un passé récent. La contribution de l’énergie est passée de -0.55% à -0.29% entre août et septembre. Cela se constate par la courbe noire qui se redresse rapidement. Les autres contributions sont quasiment stables.
Le phénomène lié à l’énergie vient de ce que le prix du pétrole est aujourd’hui, et depuis la mi-août, comparable au prix de l’an dernier à la même période. Dès lors la variation tend vers 0 et la contribution de l’énergie au taux d’inflation tend aussi vers 0.
Le graphique ci-dessous compare le prix du pétrole année par année. On constate effectivement que 2015 était en-dessous de 2014 et que 2016 jusqu’à la mi-août était au-dessous de 2015. Ce n’est plus le cas désormais.
Ce phénomène peut s’observer autrement en montrant l’évolution sur un an du prix du pétrole (moyenne mensuelle en bleu) et la contribution de l’énergie au taux d’inflation (violet). La variation annuelle du prix de l’or noir tend vers 0 et la contribution de l’énergie est moins négative.
Si le prix du pétrole se stabilise à 50USD le baril et une parité de 1.12 (1.1167 lors de la rédaction de cette note) alors la contribution va devenir positive et contribuer à un taux d’inflation plus élevé.
Le taux d’inflation va donc d’abord converger vers 0.8% qui est le taux d’inflation sous-jacent puis un peu au-delà si l’hypothèse de 50 USD et 1.12 est respectée. Il peut y avoir des décalages mais c’est la tendance. L’inflation va tendre vers 1% avant la fin de l’année 2016. Par la suite, si l’on maintient l’hypothèse de 50 dollars la contribution du prix du baril va s’accentuer en début d’année 20017 en raison d’un prix du baril en dessous de 30 dollars au début 201.
Avec cette hypothèse (50 et 1.12) la contribution de l’énergie restera positive en 2017 et l’inflation pourra aller au moins temporairement au delà de 1%. Cela a une conséquence qui est la baisse spectaculaire des taux d’intérêt réels. On peut imaginer que la BCE maintienne son QE (au moins jusqu’en mars 2017) avec des taux d’intérêt très bas. La hausse de l’inflation réduira le taux réel et pourrait modifier ainsi favorablement les incitations à s’endetter afin de favoriser la reprise de la demande privée et publique.
Ce phénomène ne sera pas perceptible qu’en zone Euro. Ce sera la même chose un peu partout. L’inflation va progresser et réduire les taux d’intérêt réels. Cela favorisera la reprise de l’activité.