par Isabelle Job, économiste chez Calyon (Crédit Agricole)
– Côté politique non conventionnelle, la Fed n’exclut pas de nouvelles initiatives mais pas avant d’avoir pu juger de l’efficacité du dispositif actuel.
– Sur le front économique, la Fed note des signes d’amélioration mais se veut prudente en abaissant une nouvelle fois ses prévisions de croissance à court terme. La balance des risques entre déflation et inflation paraît équilibrée.
Le FOMC (Comité de politique monétaire) des 28-29 avril s’est soldé par un statu quo général. Cependant vu la remontée récente des taux longs, les marchés ont commencé à s’interroger sur un éventuel élargissement du dispositif d’assouplissement quantitatif à des fins de pilotage de la courbe. Les Minutes du FOMC fournissent en partie la réponse. La hausse des taux longs ne paraît pas à ce stade préjudiciable à la croissance. Les membres du Board sont tous d’accord pour poursuivre la politique d’assouplissement quantitatif selon les modalités décidées lors de la réunion du mois de mars. Certains néanmoins abordent l’idée d’une extension des programmes de rachats de titres afin de stimuler davantage la croissance. De nouvelles initiatives paraissent dès lors possibles mais seulement, selon l’avis général, après avoir pu juger du degré d’efficacité du dispositif déjà en place.
Le nouveau jeu de prévisions qui accompagne ces Minutes témoigne de la prudence de la Fed. Les prévisions de croissance à l’horizon des deux prochaines années ont été une nouvelle fois révisées en baisse. Compte tenu de la dégradation accélérée du marché du travail depuis le début de l’année, le taux de chômage est lui revu à la hausse. Au delà, vu le caractère exceptionnel de la crise, le processus de normalisation des conditions de croissance pourrait s’avérer plus long qu’à l’accoutumée. Les services financiers et le secteur immobilier ont été, ces dix dernières années, les principaux contributeurs à la croissance tout en étant d’importants pourvoyeurs d’emplois. Leur poids dans l’économie étant nécessairement appelé à se réduire, le rythme de croissance s’en trouverait diminué et le taux de chômage accru. Le lent rétablissement du secteur financier et le changement de comportement d’épargne des ménages pourraient également constituer des freins durables à la croissance.
Sur le front de l’inflation, le Comité ne paraît pas outre mesure inquiet avec une balance des risques au final assez équilibrée. D’un côté, les surcapacités héritées de la crise et le niveau élevé du chômage au sortir de la récession paraissent exclure tout risque de résurgence de l’inflation à court terme. De l’autre, l’hyper stimulation monétaire est le principal rempart contre la matérialisation du risque de son contraire la déflation. Selon nous, les débouclages financiers à l’œuvre pour purger les excès d’endettement passé étant de nature déflationniste, la légère révision à la hausse des prévisions d’inflation est de bon augure. Seul un membre du comité s’inquiète ouvertement des conséquences potentiellement inflationnistes des mesures d’assouplissement quantitatif.