par Philippe Waechter, Directeur de la recherche économique chez Natixis AM
Un papier de recherche de décembre 2016, repris récemment par l’Observatoire des Inégalités (voir ici), donne un éclairage plus complet sur l’évolution des inégalités de revenus en France. Cette question, souvent insuffisamment traitée, bénéficie maintenant de la base de données de Paris School of Economics et de la méthodologie qui y est développée afin de disposer d’un cadre rigoureux.
Au delà des dynamiques de court terme qui, parfois, peuvent être volatiles, on relèvera que la répartition des revenus en France est relativement stable et ne connaît pas les distorsions observées dans les pays anglo-saxons.
C’est la conclusion que l’on peut tirer de ce travail de Bertrand Garbinti, Jonathan Goupille-Lebret et Thomas Piketty de la Paris School Of Economics (le document est ici). Ils utilisent la même méthodologie que celle développée déjà sur les USA et évoquée ici.
Dans le document sur les USA on relevait le croisement de la courbe des revenus des 5 déciles ayant les revenus les plus faible et de celle du 1% ayant les revenus les plus élevés. Pour la France, une telle situation n’existe pas.
La part des 1% ayant les revenus les plus élevés (avant impôts et transferts) est relativement stable depuis les années 40 fluctuant autour de 10% du revenu national (11.3% en moyenne sur les 20 dernières années disponibles de 1994 à 2013 ). Celle des revenus des 5 premiers déciles est stable aussi un peu au dessus de 20% (21.6% en moyenne sur les 20 dernières années). La divergence dans la répartition des revenus, observable aux USA, n’est pas la caractéristique de l’économie française. Le graphique ci dessous résume ces évolutions :
Cette relative stabilité est en contradiction avec la perception des français. Ils perçoivent les inégalités de revenus comme excessives. C’est ce que montre cette analyse d’un sondage fait pour le ministère des affaires sociales en 2013 (voir ici). C’est cette contradiction qu’il faut maintenant creuser.