par Cyrille Geneslay, Gérant allocataire chez CPR AM
Nous passons la majeure partie de notre vie dans une attitude déterministe, pensant qu’en vertu du principe de causalité, nous trouverons le bonheur et la sérénité dans un contrôle parfois outrancier. Nous plani ons, organisons, programmons notre vie pour réduire l’aléa, l’inconnu à une portion congrue, visible, digérable. Nous vivons chaque péripétie, chaque revers comme autant d’échecs plus ou moins acceptables. Mais en dépit de tous nos efforts il arrive parfois que l’impossible se réalise par la concordance d’éléments plus improbables les uns que les autres.
Ainsi qui aurait cru que Leslie Lynch King Jr. deviendrait le 38ème président des Etats-Unis ? Il aura fallu la démission de Spiro Agnew (corruption) alors vice-président puis l’éviction de Nixon pour une sombre histoire de téléphone (pas si) rose pour que M. King accède à la présidence sous le nom de Gerald Ford et marque l’histoire des Etats-Unis en étant le premier et l’unique président non élu par le peuple américain. Mais si cette histoire qui sonne aussi creux que le scénario d’une mauvaise série B, semble être les premiers pas d’un homme vers l’accomplissement d’un destin hors du commun, le dénouement fut beaucoup plus absurde. En effet, non (ré) élu pour un « deuxième » mandat, Ford laissera de lui l’image d’un piètre président gaffeur, incapable de mâcher un chewing gum et de marcher en même temps, en somme une version désuète et passéiste d’un twittos incohérent au champ lexical plus que limité.
Dans notre volonté professionnelle de maîtriser le monde qui nous entoure, nous essayons, grâce à nos scénarios de marché, d’anticiper les risques les plus probables. Ainsi le risque politique en zone euro, déjà bien diminué n avril, disparait ce mois noyé dans un risque Trump toujours plus important. Ainsi notre scénario de « tensions internes entrainant une fragilisation de M. Trump » se renforce devant les risques d’impeachment et l’incapacité chronique du président à susciter l’adhésion des élus de sa propre majorité sur ses projets. Les marchés actions souffriraient et l’obligataire jouerait pleinement son rôle de valeur refuge. Parallèlement notre scénario central de « bonne dynamique de la croissance mondiale » se maintient sur des niveaux élevés. Il laisse présager la poursuite mesurée du vaste mouvement de hausse des actions internationales et de normalisation de l’obligataire.