par Cyrille Geneslay, Gérant Allocataire chez CPR AM
En augmentant de manière unilatérale les taxes sur l’aluminium et l’acier, Donal Trump a été fidèle à sa réputation de « cogneur ». Loin du technicien fin et précis dont la pratique du noble art repose sur sa science du placement et sa capacité à épuiser progressivement son adversaire par des frappes millimétrées, le cogneur, lui, n’a qu’un but : vous faire mal le plus vite et le plus efficacement possible.
Sa philosophie est simple : une bonne attaque constitue la meilleure des défenses mais ses armes sont limitées. Il usera de sa force brute et de l’intimidation pour vous faire plier sans s’embarrasser de scrupule ni de considérations annexes qu’il jugerait purement esthétiques. Vous l’aurez compris, le cogneur vit sans filtre, arborant fièrement un style pataud et déroutant qui peut se montrer d’une rare efficacité. Ainsi, après avoir fait plier la Corée du Sud en février, la « forçant » à ouvrir un peu plus ses frontières aux produits américains, le président des Etats-Unis s’attaque à un (trop ?) gros morceau : la République populaire de Chine. Mais la tâche risque d’être plus complexe face à ce mastodonte du commerce international qui n’hésite pas à rendre coup pour coup dans un contexte de panique (presque) généralisée sur les marchés financiers.
Ce durcissement politique à l’échelle internationale implique des changements majeurs dans notre perception de l’économie et de son évolution à court/moyen terme. Nous avons donc réintégré le scénario de « tensions politiques qui entament la confiance » pour le mois d’avril. Ce scénario certes mineur en termes de probabilité d’occurrence (10%) aurait des conséquences assez néfastes sur l’évolution des marchés actions (de -7,5 à -10%) pour les trois prochains mois. Les actifs obligataires joueraient quant à eux leur rôle de valeur refuge en progressant sur la même période.
Notre scénario central de bonne dynamique de la croissance baisse de 65 à 60%. Il anticipe toujours une progression raisonnable des marchés actions (+2,5% sur les pays développés) dans un contexte de normalisation des taux. Enfin, nous resterons vigilants quant à un dérapage des anticipations d’inflation qui ferait basculer les marchés (30% de probabilité). Dans ce scénario, les taux et les actions baisseraient de concert et seuls l’or et les points morts d’inflation pourraient apporter un peu de performance.