par Sandrine Hallopeau, Directrice de la Recherche chez VEGA Investment Managers
La saison des résultats du 1er trimestre, traditionnellement dominée par la publication de chiffres d’affaires, a souligné une relative divergence entre les États-Unis et l’Europe. D’un côté, les résultats des entreprises américaines du S&P 500 se sont avérés excellents, avec 81 % de publications supérieures aux attentes : un des meilleurs trimestres de la décennie !
Les BPA affichent une forte croissance de 26 % par rapport au 1er trimestre 2017 et ressortent à près de 8 % au-dessus du consensus. Cette performance repose, pour l’essentiel, sur la réforme fiscale engagée par l’administration Trump. De l’autre, les entreprises européennes affichent certes des résultats supérieurs au consensus mais dans une proportion moindre et, surtout, dans un tableau plus contrasté.
Ainsi, sur la base des publications :
- seules 44 % des entreprises de l’indice Stoxx 600 ont affiché des résultats supérieurs au consensus,
- 28 % des résultats en ligne,
- et 28 % en-dessous des attentes.
Les BPA sont en hausse de 3,3 %, 3 % seulement supérieurs au consensus, et la croissance des chiffres d’affaires marque une pause, avec une hausse de 1,7 % contre 6,6 % le trimestre précédent, selon les données de Bloomberg. Toutefois, les attentes du consensus sur les entreprises de l’indice Stoxx 600 ont été revues légèrement à la hausse de 0,2 %.
Deux moteurs de croissance pour les entreprises cycliques
Les entreprises cycliques ont, dans l’ensemble, conforté leur pricing power, en répercutant la hausse des prix des matières premières sur leurs prix finaux et en limitant l’impact négatif des changes. Ainsi, par exemple, l’effet prix a représenté un tiers de la croissance organique de Legrand. Le rebond de la Chine a également été un moteur de croissance pour les groupes industriels exposés. C’est le cas notamment de Schneider qui affiche une croissance à deux chiffres de ses ventes en Chine.
Des secteurs qui ont surpris positivement
Les majors pétroliers et gaziers ont profité de la bonne tenue du baril du pétrole et d’une maîtrise de leurs investissements. Conséquence, les analystes ont révisé largement à la hausse leurs prévisions de résultat pour le secteur.
Le luxe est sans doute celui qui a le plus surpris positivement, avec une croissance largement tirée par l’Asie et, plus particulièrement, la Chine. C’est notamment le cas pour les valeurs emblématiques du luxe, comme LVMH ou Kering.
Le géant des boissons Pernod Ricard a également profité du mouvement.
De son côté, le secteur des technologies présente des résultats solides et ses perspectives pour 2018 ont été confirmées. Les craintes pesant en début d’année sur le segment des semi-conducteurs ont été levées, notamment à l’aune des résultats d’Apple.
Enfin, plus surprenant, le secteur des utilities (services aux collectivités) a vu ses résultats revus à la hausse. L’activité liée à l’environnement a bénéficié d’un environnement macroéconomique favorable en zone euro, notamment visible dans les volumes du traitement des déchets. Les énergéticiens ont, pour leur part, bénéficié des conditions météo, de la volatilité des prix et d’un retour à la normale des réserves hydrauliques.
Déceptions sur les équipementiers automobiles et la consommation
Les constructeurs automobiles ont relativement bien tiré leur épingle du jeu en ce début d’année. Ce n’est pas le cas des équipementiers qui ont dû multiplier les investissements liés aux nouvelles technologies. Résultat, Continental a même lancé un avertissement sur les résultats. Dans le secteur de la consommation, les valeurs de luxe et/ou celles exposées à la Chine ont affiché de belles performances. En revanche, les valeurs de consommation de masse subissent la concurrence de nouveaux acteurs et/ou les changements des modes de consommation. Que ce soit dans l’alimentaire, les cosmétiques ou l’hygiène, des groupes tels que Nestlé ou Unilever n’ont plus la capacité à augmenter leurs prix pour préserver leurs marges.
Les banques européennes à la traîne
Les banques de la zone euro ont globalement dégagé des résultats supérieurs aux attentes mais le tableau est plus nuancé en termes de produit net bancaire où la déception a souvent été au rendez-vous. Les trois principales banques françaises ont été pénalisées par les activités de marché. Dans le détail, BNP Paribas et Société Générale ont affiché une baisse d’activité sur les métiers de change et des matières premières. Quant aux banques Italiennes (Intesa, Unicredit), elles ont agréablement surpris le marché par leur effort pour nettoyer leur bilan et renforcer leurs fonds propres.
En conclusion, ce 1er trimestre apparaît moins flamboyant que le 1er de 2017, sans pour autant indiquer des signes de retournement. Le bilan de ces trois 1ers mois reste donc positif et le consensus continue d’anticiper une croissance des bénéfices de 8 % en 2018, une performance tout à fait honorable après une belle année 2017.