par Olivier Marion, Senior Investment Specialist chez Union Bancaire Privée (UBP)
Le monde de la gestion alternative n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était il y a dix ans. Les hedge funds, axés sur la maîtrise des risques, peuvent permettre aux investisseurs de diversifier leurs placements de manière particulièrement pertinente dans le contexte de marché actuel.
Les hedge funds n’ont pas toujours eu bonne presse ces dernières années, étant associés à l’univers des produits dérivés et à d’éventuelles prises de risque inconsidérées. Pourtant, le véritable esprit des hedge funds est tout autre. Loin de multiplier les risques, ils cherchent au contraire à les limiter au travers de stratégies clairement définies. Leur but: dégager des rendements réguliers grâce à l’exploitation d’inefficiences sur les marchés.
Un contexte de marché idéal pour les hedge funds
Dans l’environnement de marché actuel, le profil de rendement des hedge funds fait figure d’oasis au milieu du désert. En effet, cela fait déjà plusieurs années que les marchés obligataires n’offrent plus de rendements substantiels en Europe, ceux-ci étant même parfois négatifs. En outre, la remontée des taux, déjà à l’œuvre aux Etats-Unis, constitue un risque pour les détenteurs d’obligations.
De même, les marchés actions sont devenus plus volatils et imprévisibles depuis le début de l’année. En février, ils ont enregistré le plus haut pic de volatilité observé depuis deux ans, et les tensions commerciales persistantes à l’échelle internationale maintiennent une forte pression sur les marchés mondiaux.
Dans ce contexte, de plus en plus d’investisseurs recherchent de nouvelles stratégies pour diversifier leurs placements en faveur de classes d’actifs peu corrélées aux variations des marchés. L’immobilier, souvent plébiscité, présente le désavantage de n’offrir qu’une faible liquidité. Les hedge funds utilisent au contraire des outils flexibles et parfaitement liquides pour établir des stratégies d’investissement décorrélées des marchés d’actions et de taux, tout en limitant les risques.
Quatre stratégies possibles au sein des hedge funds
On distingue quatre styles de stratégies de gestion parmi les hedge funds, lesquelles ont recours à différentes méthodes pour générer du rendement.
Les stratégies «long/short equity» ont pour objectif d’offrir une performance décorrélée des marchés en trouvant, dans le segment des actions, des entreprises dynamiques sur lesquelles seront réalisés des paris à la hausse, et d’autres, en perte de vitesse, sur lesquelles seront effectués des paris à la baisse. Ces paris inversés permettent d’éliminer les variations globales du marché en se concentrant uniquement sur le différentiel de performance à long terme entre les paris haussiers et baissiers. Par exemple, au sein du secteur de la santé, une stratégie créatrice de valeur à long terme consiste à acheter des biotechs innovantes tout en pariant à la baisse sur les grandes valeurs du secteur qui sont moins novatrices et plus concurrencées.
Les stratégies «global macro» s’ouvrent à un spectre plus large en comparant par exemple différents pays selon des critères économiques précis (croissance du PIB, balance des paiements) pour prendre des paris à la hausse et à la baisse principalement sur les taux d’intérêt, les obligations, ou les devises de ces pays afin de tirer profit de leur divergence de parcours. Cette gestion peut être discrétionnaire (fondée sur des critères fondamentaux) ou systématique (axée sur des modèles mathématiques).
Les stratégies «event-driven» visent à tirer parti de tout événement important survenant dans la vie des entreprises, notamment les opérations de fusion-acquisition ou les opérations de LBO. Lors de ces événements, les investisseurs peinent à trouver le juste prix d’une entreprise en bourse, offrant des opportunités pour profiter d’inefficiences de marché.
Enfin, les stratégies de «relative value» permettent de dégager de la valeur en exploitant de faibles écarts de prix sur les marchés d’actions et d’obligations. Pour obtenir des rendements plus conséquents, ces stratégies sont associées à des effets de levier maîtrisés.
Une gestion qui se démocratise auprès des investisseurs
Les acteurs présents dans le domaine de la gestion de hedge funds se sont multipliés au cours des dernières années, et sont désormais beaucoup plus nombreux qu’avant 2008. Il est à mentionner que le renforcement de la concurrence au sein de cet univers ainsi que la diminution des opportunités d’investissement offertes par les marchés ont eu pour conséquence de réduire les performances moyennes de ces fonds ces dernières années. Néanmoins, certains acteurs historiques sur le segment des hedge funds continuent d’afficher des performances consistantes et régulières sur des horizons de 10, 15 ou 20 ans.
A noter enfin que certaines stratégies de hedge funds sont désormais accessibles au grand public alors que ces fonds étaient historiquement réservés à des investisseurs professionnels. Les stratégies les plus liquides (notamment celles de type «long/short») sont à présent accessibles au travers de fonds de format UCITS correspondant au standard européen du monde des OPCVM. Tous les investisseurs peuvent donc accéder à ces stratégies pour diversifier leurs placements en bénéficiant d’une réelle décorrélation face à leurs autres placements.