par Gerhardt P. Herbert, CFA, Portfolio Manager and Head of Global Credit chez Brandywine Global
L’année passée, les volumes du commerce mondial, les accords commerciaux et les droits de douane ont été au centre des préoccupations des marchés financiers. Ces derniers avaient pris l’habitude de considérer un régime commercial ouvert comme acquis, et avaient donc intégré cette situation dans leurs cours, pensant que la hausse continue des échanges commerciaux et de baisse des tarifs de douane bénéficieraient à tout le monde sur le long terme.
Cependant, les choses ont évolué, avec la montée d’un leadership politique nouveau caractérisé par des politiques visant à modifier les accords commerciaux existants, dans une vague nationaliste avec comme objectif affiché la stimulation des offres d’emploi domestiques et, in fine, augmenter les salaires stagnants de ceux qui se trouvent en bas de l’échelle économique.
Plus récemment, les entreprises et pays exportateurs (en particulier les marchés émergents) ont connu une importante volatilité dans la valorisation de leurs dettes, de leurs actions et de leurs devises. Les prévisions actuelles ont donc intégré un plus grand degré d’incertitude, anticipant qu’un nouveau régime commercial mondial, plus limité, pourrait se développer.
Pour comprendre les possibles répercussions d’un tel commerce mondial limité, nous avons examiné les volumes échangés et les parts de marché concomitantes dans le commerce mondial.
Une des meilleures sources dans ce domaine est le Bureau d’analyse de la politique économique (CPB) du gouvernement néerlandais, qui publie tous les mois les données relatives aux volumes commerciaux et aux prix dans les économies avancées et émergentes, ce qui couvre presque 99 % du commerce mondial.
Pour plus de clarté, nous avons exclu ici la volatilité des prix des volumes commerciaux, car cette dernière peut ne pas révéler la situation réelle du commerce.
Les exportations représentées sur le graphique 1 indiquent clairement que les volumes ont augmenté depuis 2012 !
Malgré toutes les difficultés rencontrées depuis sept ans (ralentissement de la croissance chinoise, choc des prix des matières premières, volatilité des devises émergentes et crise des dettes souveraines en Europe), les volumes sont parvenus à rester stables et à s’accélérer avec la reprise de la croissance mondiale ces deux dernières années.
Notons cependant que leur croissance ralentit depuis les pics à +5 % atteints fin 2016-17, signe d’un rebond sain des dépenses d’investissement depuis la correction subie par les matières premières en 2014-15 qui, à l’époque, avait mis en difficulté les économies développées et émergentes.
La baisse la plus récente observée sur le graphique 1 reflète probablement un retour à la moyenne des volumes échangés depuis ces événements, et relève peut-être de la croissance mondiale qui diminue aussi depuis les plus hauts atteints. À l’avenir, nous devrons peut-être raisonnablement anticiper une croissance des volumes de 1-3 %.
Une analyse des principales parts de marché dans le monde étaye notre point de vue selon lequel la guerre des tarifs douaniers entre les États-Unis et la Chine n’affecte peut-être qu’un segment marginal du commerce mondial total, et ce, même si les prévisions les plus pessimistes sur les montées des tensions entre les deux pays devaient se réaliser.
Alors que les droits de douane et les barrières non commerciales impacteront les volumes et les prix, les volumes ne seront que modérément affectés par les tensions actuelles. Par exemple, le graphique 2 ci-dessus montre que les échanges Chine-États-Unis représentent à peine 3 % du commerce mondial. Malgré les discours protectionnistes, les échanges devraient être plus libres et plus équitables dans les années à venir, en dépit peut-être de quelques difficultés à court terme sur les marchés financiers, le temps de fixer les détails des accords commerciaux.
David Ricardo, le père de l’avantage comparatif, et les investisseurs peuvent donc garder l’esprit tranquille car les volumes mondiaux continuent d’augmenter, mais à un rythme plus lent.