par Tomas Hildebrandt, Gérant Senior en charge de la gestion institutionnelle d’actifs français chez EVLI
Les indicateurs économiques mondiaux publiés en janvier ont confirmé le ralentissement anticipé par le marché. Les perspectives concernant l’activité industrielle se sont considérablement dégradées dans tous les domaines. La croissance a ralenti en Chine, en Allemagne, en France et en Italie, par exemple. L'Italie est déjà en récession, son économie s'étant contractée pour un deuxième trimestre consécutif. Aux États-Unis, les perspectives pour le reste de l'année ont été assombries par le shutdown du gouvernement, celui-ci devrait avoir un impact négatif sur la croissance. Toutefois, les données publiées en janvier ont montré que l'emploi continuait d'être vigoureux.
Les banques centrales annoncent également des perspectives affaiblies. La Banque Centrale Européenne a estimé que les perspectives s'étaient considérablement assombries. À plusieurs reprises en janvier, la Fed a indiqué que les hausses de taux d'intérêt seraient suspendues pendant un certain temps. Le revirement de la Fed a été une victoire bienvenue pour le président Trump, qui avait été forcé de reculer et de mettre fin au shutdown du gouvernement fédéral sans avoir réussi à trouver des financements pour la construction de son mur à la frontière mexicaine.
Poursuite des négociations
Le différend avec le Congrès aurait affaibli la position du président et il pourrait en conséquence avoir besoin d'obtenir des résultats ailleurs. Des informations contradictoires sur les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine ont été transmises par diverses sources. Wilbur Ross, le secrétaire américain au Commerce, a déclaré que l'accord commercial était à des « kilomètres et des kilomètres » et qu'il est possible que l'échéance soit prolongée jusqu'en mars.
Le Brexit joue lui aussi les prolongations. L'accord négocié par Theresa May a été rejeté par le Parlement. Comme les Britanniques n'ont pas encore précisé leurs revendications, la suite des négociations est incertaine. L'UE serait prête à accepter le report du Brexit. Lors de la poursuite des négociations, un réel changement dans la politique intérieure britannique sera nécessaire afin d'éviter un hard Brexit. De son côté, le marché a bien accepté la situation.
Baisse des prévisions de bénéfices
Les investisseurs surveillent de très près l’annonce des résultats. Environ la moitié des sociétés du S&P 500 ont déjà publié leurs résultats pour le quatrième trimestre 2018. La croissance est d'environ 15 % en moyenne et sept entreprises sur dix ont dépassé les prévisions des analystes. Des avertissements sur les bénéfices ont été émis par 27 sociétés, tandis que 9 ont fait état d'une amélioration des prévisions. L'augmentation des avertissements a également fragilisé les projections des analystes sur les tendances pour les prochains trimestres. Sur la première partie de l'année, la croissance des sociétés du S&P 500 devrait rester inférieure à 6 %.
En janvier, le marché s'est rapidement redressé après le ralentissement de la fin 2018. Les principaux marchés actions sont passés de 6 à 8 %. Cette hausse a maintenant recouvert environ la moitié des baisses de cours des actions depuis les pics atteints à l'automne. Le marché des obligations corporate s'est également nettement redressé. Le prix des obligations européennes Investment Grade a augmenté de 1 %, celle des obligations européennes High Yield a augmenté de quelques pourcents et celle des obligations des pays émergents couvertes du risque de changes a augmenté d'environ 4 %. Les taux longs ont diminué dans la zone euro. Le taux de rendement des obligations allemandes à dix ans est passé de 0,25 % à 0,16 %, son plus bas niveau depuis 2016.
Graphique : Les données financières ont été plus faibles que prévu dans la zone euro et en Chine (Citi Economic Surprise Index)