par César Pérez Ruiz, Responsable des Investissements et CIO chez Pictet Wealth Management
Après avoir exclu des rangs conservateurs 21 députés qui l’avaient défié en votant contre son projet de Brexit, Boris Johnson a dû faire face aux démissions d’Amber Rudd et de son propre frère, Jo Johnson, deux membres éminents de son gouvernement. Et la politique britannique devrait connaître de nouveaux rebondissements cette semaine après l’adoption par le Parlement d’une loi visant à empêcher un «no deal». Les développements récents nous semblent réduire la probabilité d'une sortie de l’Union européenne sans accord le 31 octobre prochain et favoriser un rebond temporaire de la livre.
La plupart de nos scénarios tablant en outre sur des mesures de relance budgétaires, nous sommes passés d'un positionnement sous-pondéré à neutre à l’égard des actions britanniques, même si la possibilité de turbulences liées à la tenue d’élections anticipées appelle à la prudence.
La semaine dernière a été marquée par plusieurs développements positifs, parmi lesquels l’annonce de négociations commerciales de haute tenue entre Pékin et Washington, des mesures visant à apaiser la situation tendue à Hong Kong et la formation d'un gouvernement moins hostile à l’UE en Italie, laissant espérer des échanges plus sereins entre Rome et Bruxelles. Enfant terrible de l’Europe il n’y a encore pas si longtemps, la Grèce a de son côté enregistré une vigoureuse croissance du PIB au deuxième trimestre, tandis qu’aux Etats-Unis, la confiance des entreprises du secteur des services se révélait largement supérieure aux attentes en août. Craindre une récession imminente aux Etats-Unis nous semble prématuré. Mais tout n’est pas rose pour autant. Les chiffres des créations d’emplois non agricoles au mois d’août reflètent un ralentissement et l’activité dans le secteur manufacturier se contracte dans plusieurs grandes économies, laissant l’économie mondiale tourner sur un seul moteur.
A noter en particulier la récente baisse de la production industrielle allemande, signe de la faiblesse de la première économie de la zone euro, qui semble entrer dans une phase de récession technique modérée. Ce repli pourrait constituer une bonne nouvelle s’il devait conduire le gouvernement allemand à augmenter les dépenses publiques. Les difficultés de l’Allemagne pourraient même faire évoluer le rapport de force entre les «faucons» et les «colombes» lors de l’importante réunion de la Banque centrale européenne (BCE) prévue cette semaine. Mais nous pensons qu’il faudra une détérioration beaucoup plus marquée en Allemagne pour que les vannes budgétaires y soient ouvertes. Si nous anticipons des mesures globalement porteuses en provenance de la BCE – annonce d'une baisse du taux de dépôt, nouveau programme de rachat d’actifs et pilotage clair des anticipations –, les attentes du marché pourraient en revanche s’avérer trop optimistes. Nous continuons par conséquent de sous-pondérer les obligations d’Etat européennes.