par César Pérez Ruiz, Responsable des Investissements et CIO chez Pictet Wealth Management
Trente ans après la chute du mur de Berlin, c’est un mur d’un autre genre qui, la semaine dernière, a montré des signes de fissures. Alors que jusqu’ici certains pays, et notamment l’Allemagne, se montraient réticents au principe d’une union bancaire européenne, le ministre des Finances allemand, Olaf Scholz, s’est en effet dit favorable à ce projet nourri de longue date, esquissant même des pistes pour la mise en place d’un programme commun de protection des dépôts.
Les propositions d’Olaf Scholz – parmi lesquelles quelques idées visant à rendre l’union bancaire plus attrayante aux yeux des électeurs allemands – pourraient contribuer à une plus grande cohésion au sein du secteur financier européen et renforcer la confiance dans l’union monétaire. Et même si leur concrétisation n’est pas pour tout de suite, ces propositions sont les bienvenues. Bienvenus, les efforts déployés en Espagne, l’une des économies européennes les plus performantes de la zone euro, pour former une coalition et trouver des compromis politiques au lendemain d’un scrutin indécis, le sont aussi, de façon moins évidente toutefois.
L’annonce d’une possible réduction des droits de douane sino-américains, à la faveur d’une désescalade des tensions entre Pékin et Washington, constitue un autre petit pas dans la bonne direction. La nouvelle doit toutefois encore être confirmée, d’autant que le président Trump s’est empressé de tempérer les enthousiasmes. Quoi qu’il en soit, il ne s’agit là que d’une trêve, et non d’une résolution totale et définitive des différends qui opposent les deux superpuissances. Le fléchissement des économies chinoise et américaine pourrait susciter des commentaires plus positifs concernant le commerce international, en sachant néanmoins que Donald Trump est toujours aussi imprévisible. Si l’optimisme est donc permis, la prudence reste de mise.
La semaine dernière, qui s’est à nouveau révélée porteuse pour les actions, soutenues par des publications de résultats pour le troisième trimestre plutôt satisfaisants et l’évolution de la situation sur le front du commerce, a été marquée, pour les emprunts d’Etat, par une nouvelle hausse des rendements et une chute des cours. L’obligation autrichienne à 100 ans a ainsi accusé l’une des baisses de cours les plus spectaculaires de ces dernières semaines. Faut-il y voir les premiers signes du dégonflage d’une bulle obligataire à l’heure où les titres à rendement négatif en circulation atteignent des volumes record? En tout état de cause, alors que les statistiques commencent à refléter des perspectives moins sombres qu’on ne le dit pour l’économie mondiale, nous n’hésitons pas à maintenir une duration courte au niveau des obligations d’Etat.