Par Frédéric Wauquiez, responsable Marketing et Communications, Solutions vertes et programme Energies renouvelables d'Alcatel-Lucent
Les réseaux mobiles ouvrent de nouvelles perspectives de développement économique aux communautés des pays émergents dénués de services de communication corrects. Le fait est que le manque de sources d'énergie électrique pour alimenter les stations de base, les capillaires des réseaux mobiles, a constitué un obstacle de taille. On estime à 2,6 milliards le nombre de personnes vivant dans des communautés privées totalement d'électricité ou de source fiable d'électricité. Des études ont montré que l'accès au téléphone et au réseau Internet stimulait à la fois le développement économique et l'épanouissement social.
L'utilisation de sources d'énergie renouvelable, telles que le solaire et l'éolien, associées à des équipements et réseaux d'une plus grande efficacité énergétique, permet à des communautés qui n'ont pas accès à l'électricité de profiter des avantages considérables des réseaux de communications mobiles. Mais l'utilisation de l'énergie renouvelable pour alimenter des réseaux peu gourmands en énergie n'est pas limitée aux zones isolées ou sous-développées. Les opérateurs de réseaux mobiles dans les régions développées ont également d'excellentes raisons d’utiliser des sources d'énergie renouvelable : la réduction de leur empreinte carbone et la maîtrise des coûts croissants de l'énergie.
Les réseaux mobiles favorisent le développement économique et social
Ces dernières années, de nombreux projets novateurs ont vu le jour. Ils ont permis aux fournisseurs et aux opérateurs d'évaluer la faisabilité et de comprendre les implications économiques et écologiques liées à l'utilisation de sources d'énergie renouvelable pour les stations de base de téléphonie mobile. Ces projets initiaux ont fait la preuve des avantages économiques et sociaux qui en découlaient. A titre d'exemple, lors de l'un de ces projets à Dagadji, en Côte d’Ivoire, la mise en service en 2008 d'une station de base Alcatel-Lucent alimentée en énergie solaire a eu un impact immédiat et profond. Dans les 12 mois qui ont suivi la mise en service, la population de Dagadji a triplé du fait de l'arrivée massive dans la ville d'habitants de la région, désireux de profiter des possibilités économiques et sociales favorables que procurait la présence de télécommunications. Ces dernières années, Alcatel-Lucent a installé plus de 300 stations de base à énergie solaire du même type à travers le monde.
La réussite de ces projets a retenu l'attention des opérateurs de réseaux un peu partout, et pas uniquement dans les régions du globe qui n'ont pas accès à un réseau électrique fiable. Plusieurs grands opérateurs en Europe et d'autres régions hautement développées, désireux de bénéficier d'avantages écologiques tout en réduisant leurs coûts énergétiques, évaluent actuellement des propositions réelles visant à introduire des stations de base alimentées en énergie renouvelable dans leurs réseaux.
Le gazole coûte cher et pollue
Jusqu'à maintenant, les groupes électrogènes gazole sont le moyen le plus répandu d'alimenter les stations de base des réseaux dans les lieux ne disposant pas d'un accès à un réseau électrique fiable. Mais ces groupes électrogènes posent un certain nombre de problèmes. Le gazole coûte cher. En outre, le transport et le stockage de ce carburant peuvent accroître les coûts de manière considérable, particulièrement dans des zones éloignées. Dans certaines régions d'Afrique, les opérateurs de réseaux mobiles reconnaissent que les coûts relatifs au gazole nécessaire aux stations de base peuvent représenter plus des deux tiers de leurs frais d'exploitation. Et ce carburant fossile non renouvelable nuit à l'environnement.
Le problème n'est pas spécifique à l'Afrique ou à d'autres régions en développement. Le coût de l'énergie est la charge d'exploitation sur laquelle les opérateurs de réseaux du monde entier ont le moins de contrôle. De plus, il semble que l'augmentation des dépenses en électricité sera supérieure aux économies qu'il sera possible de réaliser grâce à des équipements et réseaux plus efficaces. Les résultats d'une étude montrent que la consommation mondiale d'énergie consacrée aux stations de base des réseaux mobiles devrait diminuer de 3 pour cent par an dans les prochaines années, alors que dans le même temps, le coût de l'électricité servant à alimenter ces mêmes stations de base devrait augmenter de 9 pour cent par an.
Alors que la consommation d'énergie représente une charge critique pour les opérateurs de réseaux, il convient de noter que les réseaux mobiles ne sont responsables que d'une infime proportion des émissions de CO2 dans le monde. Les chiffres publiés par l'Agence internationale de l'énergie indiquent que les réseaux mobiles ne produisent que 0,3 à 0,6 pour cent environ des émissions de CO2 dans le monde, comparé aux quelque 17 pour cent attribuables au transport et environ 13 pour cent à l'industrie manufacturière. Dans le même temps, comme ils permettent aux populations de communiquer, partager l'information et travailler ensemble à distance, les réseaux mobiles participent activement à la réduction des émissions de carbone générées par les moyens de transport et autres. En fait, on estime que les technologies de l'information et de la communication (ICT) pourraient potentiellement réduire les émissions de gaz à effet de serre de 15% d'ici 2020.
Le temps de la production massive d'énergie renouvelable est venu
Afin de répondre à la demande croissante en énergie renouvelable, il est temps pour les fournisseurs d'équipements de réseaux d’exploiter les enseignements tirés des projets initiaux, afin de proposer des solutions de série à l'échelle industrielle. Même si les 300 stations de base à énergie solaire mises en place par Alcatel-Lucent représentent une avancée industrielle de premier ordre, ce chiffre paraît bien faible en comparaison des 900 000 stations alimentées de manière traditionnelle actuellement en service dans le monde. Jusqu'à ce jour, le déploiement de stations de base à énergie renouvelable s'avère être coûteux et lent dans la mesure où il ne s'agit que d'actions au cas par cas impliquant plusieurs fournisseurs. Ce processus long et laborieux a principalement été suivi dans des régions équatoriales ensoleillées.
L'avènement de solutions économiques et à large échelle nécessite :
- des partenariats entre fournisseurs d'équipements de réseaux, spécialistes des énergies renouvelables et fournisseurs de services qui pourront, ensemble, proposer aux opérateurs de réseaux des solutions clé en main, intégrées et faciles à mettre en œuvre : les systèmes d'économie d'énergie sophistiqués et les avis d'experts sont des ingrédients essentiels
- des équipements de stations de base et des configurations de réseau à forte efficacité énergétique permettant d'utiliser moins d'énergie par abonné : il faut pour cela minimiser la déperdition d'énergie dans chaque station de base et éliminer, dans la mesure du possible, les composants gourmands en énergie tels que les climatiseurs
- une approche pragmatique qui prenne en compte l'ensemble des conditions climatiques et d'exploitation du réseau en associant judicieusement les sources d'énergie solaires et éoliennes avec, le cas échéant, des groupes électrogènes gazole, des batteries de secours, voire l'accès au réseau électrique, de façon à couvrir les choix et contraintes spécifiques de chaque opérateur : une solution proposant une répartition de 80/20 entre une énergie renouvelable et le gazole, par exemple, représente une diminution de 80 pour cent en dépenses de gazole, entretien et transport.
Le programme d'énergies renouvelables d'Alcatel-Lucent réunit deux mondes
Pour répondre correctement à la demande toujours plus grande formulée par les opérateurs de réseaux à travers le monde, Alcatel-Lucent a mis au point un ambitieux programme d'énergies renouvelables. L'objectif est de commencer à fournir en grande série des stations de base à énergie renouvelable aux opérateurs de réseaux, afin de satisfaire une demande mondiale supérieure à 100 000 stations de ce type d'ici 2012. Il s'agira d'installations nouvelles et de modernisation de stations de base de téléphonie mobile existantes.
Dans le cadre de son programme d'énergies renouvelables, Alcatel-Lucent a ouvert récemment le premier laboratoire et site pilote d'énergies renouvelables au monde. Implanté sur le campus de recherche Bell Labs à Villarceaux, en France, le site comprend une station de base mobile alimentée uniquement par un système hybride composé de panneaux solaires et d'éoliennes. Dans le même temps, la section labo effectue des recherches sur de nouvelles sources d'énergie alternative comme la pile à combustible et les biocarburants. Le but de cette initiative est d'accélérer la création d'un écosystème complet formé de partenaires industriels, institutionnels et universitaires, réunissant le monde des énergies renouvelables et celui des télécoms. Cela permet aux équipes Alcatel-Lucent d'atteindre des niveaux inédits d'intégration entre les systèmes d'énergie renouvelable et les stations de base télécoms, pour l'optimisation de l'efficacité globale du système.
En développant une expertise interdisciplinaire unique en matière d'énergie renouvelable et de télécoms, le programme d'énergies renouvelables d'Alcatel-Lucent lui permet de proposer des stations de base mobiles autonomes du point de vue énergétique et d'une efficacité inégalée. C'est aussi pour Alcatel-Lucent l'occasion de comprendre et de relever les défis spécifiques posés par les énergies solaires, éoliennes et autres sources alternatives, et de les intégrer en douceur dans la conception, la planification et le déploiement de réseaux mobiles. Les produits et services à l'échelle industrielle en résultant permettront aux opérateurs de réseaux du monde entier de faire face à leurs responsabilités de protection de l'environnement, tout en améliorant l'efficacité énergétique globale et en réduisant les coûts.
Pour en savoir plus, consultez le site Internet Protéger l’environnement d’Alcatel-Lucent.