par Emmanuel Auboyneau, Gérant associé chez Amplegest
L’expansion du coronavirus est aujourd’hui le sujet de préoccupation majeur pour l’économie mondiale. La prolifération du virus venu de Chine et son apparition dans différents pays se traduisent par des mesures drastiques de confinement. La perturbation des chaines de production qui en résulte impacte significativement la croissance mondiale. Celle-ci était pourtant sur une tendance positive, aux Etats-Unis, en Europe et en Chine avant cet évènement imprévisible.
Paradoxalement, en Chine, épicentre de ce virus, la situation semble s’être stabilisée et l’économie repart progressivement, même s’il faut rester très prudent à ce stade. Mais l’apparition de l’infection dans d’autres pays (Corée du Sud, Iran, Italie, …) rend inéluctable la mondialisation de l’épidémie et se traduit par une peur grandissante. La peur étant la sœur de l’imagination, différents scénarios noirs fleurissent sans qu’il soit possible de les valider, tant l’incertitude est grande et les opinions diverses.
A ce jour la seule certitude est que la croissance mondiale va être touchée à court terme.
Le premier trimestre 2020 et probablement le deuxième trimestre vont subir lourdement les conséquences de ce virus. Des pans entiers de l’économie en subissent le contrecoup, des transports au tourisme, en passant par le luxe, les loisirs et bien d’autres secteurs. Le principe de précaution étant désormais devenu une nécessité pour tous les gouvernements, ces derniers préfèrent mettre des régions entières à l’isolement plutôt qu’être accusés de négligence. S’il s’agit d’un impact temporaire sur un ou deux trimestres, l’affaire devrait être vite réglée avec un fort rebond les trimestres suivants. Si l’épidémie devait s’étendre dans la durée, les conséquences seront plus difficiles à appréhender. La durée ? Telle est la question cruciale à laquelle il est impossible aujourd’hui d’apporter une réponse.
Face à cet obstacle pour la croissance mondiale il ne fait pas de doute que les Banques Centrales vont poursuivre et accentuer leurs politiques ultra accommodantes. La Banque de Chine a déjà commencé. La Réserve Fédérale américaine (Fed) et la BCE devraient l’accompagner. Ces mesures sont nécessaires mais insuffisantes pour éviter un recul de la croissance mondiale, surtout lorsqu’il s’agit un choc d’offre comme aujourd’hui. Les critères de déficit budgétaire devraient en outre être infléchis, particulièrement en Europe. Les gouvernements européens pourraient enfin acter des relances budgétaires, même si l’Allemagne reste encore à ce jour réticente. Face à un évènement imprévu de cette ampleur des politiques non conventionnelles sont plus facilement acceptées.
La réaction des marchés financiers est étrange. Pendant des semaines, tant que l’épidémie restait confinée en Chine, ils se sont montrés complaisants et des plus hauts historiques ont même été atteints aux Etats-Unis. Depuis que le virus a passé les frontières chinoises et surtout depuis que l’Europe est atteinte dans son cœur, le changement d’humeur est brutal, provoquant de fortes baisses de tous les marchés actions. Nous avons procédé à des allègements, notamment dans nos fonds flexibles et nous ne souhaitons pas réinvestir pour l’instant. Mais nous ne voulons pas céder à la panique, considérant que le rebond sera sans doute aussi fort que la baisse quand les bonnes nouvelles arriveront sur le front du virus.
L’expérience montre qu’il est difficile d’acheter au bon moment lorsqu’on a vendu pour se protéger. Nous conservons donc nos investissements sur des actifs de qualité et, pour le reste, nous faisons le dos rond en attendant que la tempête passe.