par Tom Pesso, Economiste chez Natixis
L’épidémie du coronavirus a fait une autre victime cette semaine : l'alliance russo-saoudienne qui a soutenu l'accord OPEP+ depuis 2016 a éclaté de façon spectaculaire vendredi dernier lorsque la Russie a refusé de convenir de nouvelles réductions de production. Dans la foulée, la décision inattendue de l'Arabie saoudite de jouer la carte de la guerre des prix a fait chuter les prix du pétrole de 30% lundi (leur plus grande chute depuis 1991), entraînant dans leur sillage les bourses mondiales. Les EAU ayant annoncé qu’ils allaient aussi augmenter leur production tandis que Trump a annoncé la suppression des vols en provenance de l’Europe, le marché pétrolier sera désormais confronté à un choc d’offre et un choc de demande à la fois. Nous nous attendons à ce que les prix du pétrole se négocient sur la tranche moyenne-haute des $30/b au T2.
L’impact attendu du coronavirus sur l’économie et les conditions financières devenant de plus en plus important, les banques centrales et les gouvernements ont commencé́ à agir. Après la baisse des taux surprise de le Fed et de la BoE de 50bps, la BCE a elle aussi pris des mesures pour mitiger les impacts économiques du coronavirus sans pour autant baisser ses taux : la BCE attend surtout des gouvernements qu'ils intensifient leurs efforts et soient en première ligne dans la lutte contre la crise. Pour le moment, la Commission Européenne, l’Italie et le Royaume-Unis ont mis en place un plan d’investissement pour soutenir les acteurs économiques les plus vulnérables et le secteur public de la santé (respectivement 25mds€, 7,5mds€ d’euros et 12mds£). La France, l’Allemagne et l’Espagne ont pour l’instant seulement mis en place des mesures de facilitation pour les entreprises (pour plus de détails voir notre rapport).
Quel que soit le scénario de croissance considéré, il doit maintenant reposer, d’une manière ou d’une autre, sur une hypothèse concernant le pic de l’épidémie du coronavirus. Ainsi, nous avons simulé la dynamique des infections dans les pays de l’UEM3 à l’aide d’une modélisation standard des maladies infectieuses (modèle SEIR, voir notre rapport). Sous l’hypothèse que les gouvernements européens suivent les mesures restrictives appliquées en Chine, nous calculons un pic du nombre de personnes infectieuses pour l'Italie d'environ 25 000 d'ici la fin avril. Les chiffres respectifs pour la France et l'Allemagne sont de 13 000 et 10 000 en début mai. Nous recalibrerons ces estimations au fur et à mesure que de nouvelles données seront disponibles.
Malgré les craintes liées au virus, l’organisation des élections municipales en France ce weekend aura bien lieu. Presque trois ans après les élections présidentielles, cette élection représente le deuxième test électoral pour le président Macron et LREM après les élections européennes de mai 2018. L’enjeu de cette élection est de voir comment les différents partis vont réussir à gagner du terrain dans les territoires et de constater comment leur soutient électoral a pu être modifiée par plusieurs mois de crise sociale.
Enfin, la semaine prochaine nous commencerons à recevoir des données intégrant l’impact réel (« hard data ») du coronavirus sur l’économie. En particulier, la production industrielle chinoise qui devrait présenter une baisse importante. D’autre part, les indicateurs de sentiment économique pour la ZE et l’Allemagne seront publiés le 17 mars et reflèteront l’ampleur attendue de la dégradation de la situation économique pour les six prochains mois.