par Vincent Boy, Analyste marché chez IG France
Le « confinement » à peine mis en place aux Etats-Unis pourrait être levé, alors que le nombre de cas ne cesse de progresser au sein de la première économie mondiale. Le président américain précisait que l’arrêt total de l’activité conduira à plus de décès que le virus lui-même car cela mène à la faillite de beaucoup de ménages et probablement à une vague de suicides importants.
Le problème ne vient pas de l’arrêt de l’activité en lui-même mais de la durée de celui-ci et donc de la réactivité du gouvernement. Dans le cas des Etats-Unis, la décision tardive de mettre en arrêt partiel le pays contribue à faire durer cette pandémie et donc l’impact sur l’économie. Pire encore, cela pourrait mettre les autres pays du monde à risque alors que la plupart des pays fortement infectés ont décidé il y a plusieurs semaines de fermer le complétement le pays.
En effet, le phénomène de seconde vague observée en Chine pourrait également être visible dans les autres pays même après des semaines en confinement, du fait de ces pays comme les Etats-Unis qui ne font pas le choix de confiner complétement la population et même d’autoriser encore les déplacements entre les Etats confinés et les autres non confinés.
Le vrai problème de cette épidémie n’est en effet pas que toute la population mondiale soit touchée mais la rapidité à laquelle cela se fait. L’utilisation de matériel adéquat comme les respirateurs semblent pouvoir sauver de nombreuses vies mais si trop de personnes sont infectées en même temps cela conduira à un manque énorme de matériel et donc à une augmentation du taux de mortalité.
Du côté du marché, celui-ci ne réagit que très peu aux interventions de la Fed et il est logique que les investisseurs attendent plutôt un recul du nombre de cas (ou du moins une stabilisation de la situation) pour retrouver l’espoir d’un retour rapide à l’activité, avant de retourner à l’achat sur les marchés financiers. Par ailleurs, bien que les achats d’actifs frénétiques lancés par la Fed devraient à un moment permettre de soutenir l’activité, cela présente un risque majeur alors que le monde était, déjà bien avant le coronavirus, sous perfusion de liquidité.
Hier la Fed à quand même permis aux marchés d’espérer ouvrir dans le vert après avoir annoncé un achat illimité d’actifs, comprenant également des obligations d’entreprises. En revanche ce type de rachat ne semble pas concerner le marché des « High Yield », les obligations d’entreprises ayant une note de crédit qui les rangent dans une catégorie spéculative.
Or, ces types d’entreprises seront également touchés par le manque d’activité et seront également amener à faire défaut. Le marché pourrait se retrouver en manque de liquidité avec des actifs que personne ne veut. Ainsi, sans soutien de la part de la Fed, le marché des High Yield pourrait causer des défauts de paiement, entrainant le reste du marché et de l’économie dans son ensemble.
Par ailleurs malgré des rachats d’actifs massifs il est très probable que les banques ne jouent pas leur rôle d’intermédiaire afin de financer l’économie et au contraire resserrent leurs conditions de crédit, ce qui ne facilitera pas le soutien aux entreprises qui en ont besoin.
N’oublions pas que l’économie est plus que jamais globale et que le défaut de certains entrainera la chute des autres.
Enfin, dans la journée nous surveillerons les PMI en Europe et aux Etats-Unis pour le mois de mars mais surtout les avancées concernant le soutien à 2000 milliards préconisé par l’administration américaine, qui reste pour le moment un échec.
A titre d’information, le PIB américain était d’environ 21 000 milliards et l’endettement au Etats-Unis dépassait 23 000 milliards avant la crise actuelle. Par ailleurs le déficit évoqué dans le dernier budget publié devait atteindre 1100 Milliards de dollars cette année (avant la prise en compte de quelconque soutien économique liés au coronavirus).