par Emmanuel Auboyneau, Gérant Associé, Jean-François Dulcire, Gérant chez Amplegest, avec la participation de Jean-Michel Mourette, Economiste (Eureka Finance)
Un peu plus de trois mois après l’apparition du coronavirus en Chine, le choc macroéconomique dans le monde est majeur. Aujourd’hui la moitié de la planète est confinée, entrainant un arrêt brutal de l’économie et beaucoup d’incertitudes quant à la sortie de crise. Une récession mondiale parait inéluctable. Elle devrait toutefois être courte et laisser place à un rebond significatif dans la seconde partie de l’année. Il faudrait pour cela que la pandémie donne des signes clairs de recul dans les prochaines semaines, tant en Europe qu’aux Etats-Unis. L’exemple chinois et les dernières indications que l’on a de l’Italie, premier foyer majeur en Europe font croire à ce scénario.
L’Amérique, principal moteur de l’économie mondiale jusqu’en février est aujourd’hui très durement touchée. Le récent chiffre des demandes d’allocations chômage qui s’est élevé à 3.200.000 est considérable. Il faut toutefois nuancer ce chiffre qui intègre beaucoup de chômage technique qui sera annulé en cas de reprise prochaine. Toutefois, la stratégie américaine face à la pandémie est aujourd’hui la principale interrogation. Les atermoiements du Président Trump, en pleine campagne électorale, font craindre une explosion des cas aux Etats- Unis. C’est aujourd’hui une grande préoccupation pour le monde économique.
Quand on se trouve au cœur de la crise il est difficile de ne pas avoir un raisonnement négatif. Pourtant, un certain nombre d’éléments « positifs » dans cette crise nous laissent espérer une reprise en v de l’économie mondiale. Tout d’abord, fortes de l’expérience de 2008, les banques sont aujourd’hui en bien meilleure santé qu’il y a douze ans, en termes de solvabilité et de liquidité. Les banques sont un socle moins fragile pour l’activité planétaire. Ensuite, la réponse unanime et concertée des autorités politiques et monétaires ne fait place à aucune polémique et répond à la même nécessité : faire tout ce qu’il faut, quoiqu’il en coûte, pour éviter que le monde ne tombe en dépression. L’exemple chinois laisse espérer une sortie prochaine de la spirale négative. La Chine a publié pour mars un PMI industriel en forte hausse (au-dessus de la barre des 50%) après la dégringolade de février. Trois mois et demi après le début officiel de la pandémie, la plupart des entreprises chinoises ont retrouvé entre les deux tiers et les trois quarts de leur activité initiale. Enfin, la chute du pétrole est un facteur favorable à une reprise de la consommation au second semestre.
Dans cette crise sanitaire inédite tous les actifs financiers ont été touchés. Le choc d’offre a provoqué un krach financier rapide et brutal. Certains secteurs liés aux services (tourisme, loisirs, restauration, commerce non alimentaire) ont été encore plus durablement touchés par le confinement et mettront du temps avant de retrouver le chemin de la progression. Une bonne analyse financière est cruciale dans cette période pour sélectionner dans différents secteurs des sociétés résistantes aux bilans sains et aux capacités de croissance intactes.
L’économie mondiale ne sortira pas indemne de cet épisode. Des comportements nouveaux vont apparaitre. Il faudra saisir ces évolutions et en tenir compte dans notre gestion. Profitons de cette période pour réfléchir à l’après et aux conséquences économiques et sociétales à long terme de cette crise et à leur impact sur notre gestion.