par Philippe Waechter, Chef économiste chez Ostrum AM
Le PIB français aurait reculé de 6% au premier trimestre selon la Banque de France. C’est la première estimation du 1er trimestre 2020 au sein des pays développés. Sur l’ensemble de l’année, le recul du PIB pourrait être au moins de 10 à 15%
La Banque de France a annoncé une baisse de -6% du PIB français au premier trimestre. Cela fait un acquis de croissance de -5.8% pour l’ensemble de l’année 2020 à la fin du premier trimestre (évolution de l’activité si le niveau du PIB restait au même niveau qu’à la fin du premier trimestre pour les trois autres trimestres).
Le PIB est revenu au niveau de la mi-2015. Le temps du confinement a gommé plus de 4 années de croissance. Pour l’ensemble de l’année, le PIB pourrait reculer entre 10 et 15% peut être plus. Le risque est à la baisse.
La Banque de France indique que dans l’industrie le nombre de jours de fermeture exceptionnelle n’a été que de 5 en moyenne pour une période de confinement de 10.5 jours (hors week-end). Dans les services ce chiffre est en moyenne de 6 jours. La perte d’activité sur le mois de mars serait de 17% en tenant compte des deux semaines de confinement.
Dès lors si l’ensemble du mois d’avril est en confinement, comme le suggère le premier ministre, le repli de l’activité supplémentaire sera plus important car appliqué sur l’ensemble du mois. La Banque de France indique dans sa note que deux semaines de confinement retire 1.5% à la croissance annuelle. Cela se traduirait ainsi par 3% en moins en 2020 si l’ensemble du mois d’avril est confiné. L’acquis à la fin du mois d’avril pour le PIB de 2020 serait donc de -9%.
Pour la suite se pose la question de la possibilité d’une sortie de confinement. Quel que soit le scénario, on ne peut faire l’hypothèse d’un retour à la normale et un retour à la tendance antérieure au cours de l’année 2020.
Pour récupérer une dynamique d’activité plus forte, alors il faut déconfiner les secteurs qui ont été les plus pénalisés, notamment dans l’industrie. Dans l’enquête de la Banque de France, ce sont les secteurs des transports, de la métallurgie et des biens d’équipement qu’il faudrait favoriser dans l’industrie. Dans les services, les secteurs les plus affectés sont ceux pénalisés par le respect de la distanciation sociale (hébergement, restauration, réparation automobile ou encore le travail temporaire et le commerce). Les services les moins affectés sont ceux à destination des entreprises.
Le déconfinement ne pouvant s’opérer d’un seul coup et pour tout le monde, on doit faire l’hypothèse que le PIB va continuer de se contracter en mai et juin, probablement sur une base moins importante que le 3% par mois associé à un confinement complet. Pour les deux trimestres suivants, l’activité pourrait au mieux se stabiliser. Dès lors, sur l’ensemble de l’année, le PIB pourrait reculer au moins de 10à 15% par rapport à 2019.