par Tomas Hildebrandt, Gérant Senior en charge de la gestion institutionnelle d'actifs français chez Evli
En mai, la fin progressive du confinement dans de nombreux pays a permis aux populations de se déplacer à nouveau. Malgré cela, les restrictions sur les voyages et les rassemblements publics, la réglementation des horaires d'ouverture des restaurants et les recommandations quant à l'utilisation de masques de protection restent encore en vigueur dans de nombreux pays. L'économie commence toutefois à se redresser et l'activité dans les secteurs qui étaient auparavant au point mort commence à reprendre.
L'assouplissement des restrictions a immédiatement entraîné une légère augmentation du taux d'infection dans certains pays. À l'approche de l'été, il reste à voir dans quelle mesure le nombre de personnes infectées augmentera ou si une deuxième vague plus importante arrivera peut-être à l'automne, voire l'hiver prochain. Dans de nombreux pays émergents tels que le Brésil, la Russie et l'Inde, les taux d'infection continuent en effet d'augmenter.
Les ravages causés par la pandémie sur l'économie mondiale commencent maintenant à prendre forme. Les États-Unis ont perdu plus de 20 millions d'emplois et le chômage est passé à près de 20 %. Et la situation devrait continuer à se détériorer. Ainsi, le commerce de détail s'est contracté de 16 % en avril et la production industrielle de 11 %. La baisse du PIB au premier trimestre a quant à elle atteint 5 %.
Le chômage dans la zone euro n'a pas encore augmenté aussi fortement qu'au États-Unis en raison de la structure différente du marché du travail. Toutefois, on s'attend à ce que le chômage passe de 7,4 % actuellement à 10 %. Le commerce de détail et la production industrielle se sont également contractés de 11 %. Selon les premières estimations, l'économie de la zone euro s'est contractée d'environ 4 % entre janvier et mars.
Néanmoins, les enquêtes publiées en mai constatent une légère amélioration de la confiance de l'industrie et des consommateurs, tant aux États-Unis qu'en Europe.
Graphique : L'indice MSCI World est revenu au-dessus de la moyenne mobile de 200 jours
La pandémie du coronavirus était-elle un tsunami ou un ouragan ?
À mesure que la situation s'améliore concernant le coronavirus, l'attention se tourne vers l'avenir. Est-ce qu'une pandémie virale qui sort de nulle part restera un évènement exceptionnel ? Le retour du Covid-19 s'intensifiera-t-il ? Ou de nouvelles pandémies verront-elles le jour ?
Il y a aujourd'hui de bonnes chances de trouver un vaccin ou un médicament pour lutter contre le virus du SRAS-CoV-2 et cet espoir a renforcé l'optimisme des marchés. Bien que la mise au point et l'introduction d'un vaccin contre le coronavirus puissent prendre un certain temps, les efforts déployés permettent de rester optimiste pour l'avenir.
Cependant, les effets durables de cette crise sur l'économie mondiale se font ressentir non seulement dans le secteur du tourisme, mais aussi dans les habitudes de consommation et dans les chaînes de production industrielle.
Des progrès ont été réalisés dans le cadre du programme de soutien de l'UE visant à parer aux dommages causés à l'économie. La Commission européenne a augmenté de 250 milliards d'euros l'enveloppe de soutien de 500 milliards d'euros proposée par la France et l'Allemagne. Les décisions relatives à la mise en œuvre de ce plan sont attendues lors du sommet européen des 18 et 19 juin prochains. L'ampleur de l'aide est toutefois encore éclipsée par les mesures d'aide américaines. L'Europe a également besoin de mesures monétaires et structurelles supplémentaires.
L'enthousiasme de l'UE autour des négociations du Brexit risque également d'être éclipsé par ces projets de relance. Ces négociations ont été difficiles et un report du Brexit est toujours possible.
A quoi devons-nous nous attendre maintenant ?
Les principaux facteurs de risque des perspectives économiques mondiales pour le reste de l'année sont le chômage qui reste élevé aux États-Unis et en Europe, une augmentation plus importante que prévue des faillites, l'escalade dans la guerre commerciale et autres différends entre les États-Unis et la Chine, la faiblesse de l'économie italienne et un Brexit « dur ».
Quant aux opportunités et aux facteurs positifs, nous pouvons mentionner une percée rapide dans la recherche pour un médicament ou un vaccin contre les coronavirus, une reprise de l'activité et de la demande économique mondiale ainsi qu'un redressement des performances des entreprises.