par Philippe Waechter, Chef économiste chez Ostrum AM
Les ménages accumulent de l’épargne depuis le confinement. Le succès du plan de relance du gouvernement passera par la volonté des français à puiser dans celle-ci. L’enquête de l’Insee en août jette un doute.
La réussite du plan de relance, qui sera finalement présenté par Jean Castex le 3 septembre, dépendra de la capacité des français à se mobiliser et à accentuer l’impact des annonces qui seront faites. Le sort que feront les consommateurs français aux 100 Mds d’épargne accumulée pendant le confinement et après sera au cœur du processus.
Au premier trimestre 2020, le taux d’épargne avait augmenté de façon spectaculaire s’inscrivant à 19.8% du revenu disponible alors que la moyenne depuis 1995 est à 14.5%. Ce mouvement haussier avait concerné principalement la seconde partie du mois de mars après la mise en place du confinement. Le chiffre du deuxième trimestre qui sera publié vendredi 28 portera sur le mois et demi de confinement (avril jusqu’au 11 mai) et sur la période de reprise qui a suivi. Il est complexe de dire a priori quelle sera l’allure exacte du taux d’épargne mais l’épargne est restée élevée.
A titre d’illustration, la collecte nette cumulée du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) montre la différence significative entre 2019 et 2020 sur les 7 premiers mois de l’année. Le cumul pour 2019 était de 16.3 Mds à la fin juillet, il est de 28.6 Mds à la fin du mois de juillet 2020. Les français n’ont pas pioché dans leur épargne même si le rythme d’accumulation s’est ralenti.
Pour appréhender le comportement des français sur l’épargne, l’enquête de l’Insee auprès des ménages est utile. Au mois d’août, les ménages français souhaitent maintenir une épargne élevée.
Les données relatives à la capacité à épargner étaient au plus haut en juin pour les capacités à épargner maintenant et en juillet pour les capacités à épargner dans le futur. Le léger repli du mois d’août ne traduit pas une rupture de comportement. Les ménages conservent un biais pour l’épargne, considérant qu’il y a toujours d’importantes opportunités pour mettre de l’argent de côté.
Jean Castex devra être persuasif pour infléchir ce comportement. Les deux sources majeures d’inquiétude sont l’emploi et la crise sanitaire. Le gouvernement devra être convaincant sur ces deux points pour que le plan de relance soit un succès.