par José Antonio Blanco, Responsable Investment Management pour compte de tiers et Marco Della Seta, Responsable Actions chez Swiss Life Asset Managers
Avec la crise du Covid-19, la volatilité est repartie en flèche sur les marchés actions. Toute- fois, dans un contexte de taux d’intérêt négatifs, la recherche de rendement conduit les investisseurs, mêmes averses au risque, à se tourner vers les actions. Le choix des stratégies défensives permet de profiter de leur performance potentielle tout en réduisant la prise de risque.
L’année 2020 est propice aux stratégies défensives pour les investisseurs désirant s’exposer aux marchés actions. Ce ne fut pas le cas l’an dernier. En 2019, la hausse continue des indices avait fini par donner à de nombreux opérateurs le sentiment qu’il n’était pas nécessaire de se préoccuper de la gestion du risque dans les portefeuilles. La crise du Covid-19 est intervenue, à ce titre, comme un coup de tonnerre dans un ciel relativement calme. Elle témoigne de la nécessité pour les investisseurs de rester diversifiés et de toujours garder une certaine prudence dans leur approche des marchés.
Pourtant, l’investissement en actions reste plus que ja- mais incontournable pour tout investisseur désireux de générer de la performance. Après l’effondrement des marchés en février-mars, le rebond des marchés a été rapide. L’insuffisance des rendements disponibles sur les autres classes d’actifs (de nombreux Etats et sociétés bien notés émettent désormais de la dette à taux négatif) pousse même les investisseurs averses au risque à s’intéresser aux actions.
D’autant que le contexte macroéconomique a peu de chance de pousser les taux d’intérêt à la hausse au cours des prochains mois. Les grandes banques centrales vont continuer de soutenir les Etats et les entreprises par des politiques extrêmement accommodantes qui maintiendront les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas pendant une longue période, à mesure que l’endette- ment public s’accroît pour soutenir des économies en convalescence. Or, l’absence de tensions inflationnistes ne plaide pas en faveur d’un quelconque resserrement monétaire à court et moyen terme. Ainsi, un investisseur confronté à ce contexte de taux d’intérêt nul ou négatif ne peut plus considérer les classes d’actifs alternatives aux actions (monétaire, obligataires) comme des place- ments sécurisés.
Des stratégies « Minimum Volatility » capables de suivre les marchés à la hausse
Les marchés actions demeurent, par conséquent, incontournables au sein d’une stratégie diversifiée. Mais com- ment protéger son portefeuille contre les excès de la volatilité et sans faire prendre de risque inconsidéré aux investisseurs ? Deux stratégies se dessinent : la première consiste à se protéger contre cette volatilité en « achetant » de la protection. Il s’agit alors de s’assurer contre un risque, comme on le fait en souscrivant une police d’assurances. Cette solution est la plus adaptée aux investisseurs présentant une forte aversion au risque et qui acceptent de payer un prix pour lisser de façon prévisible les performances de leur portefeuille. La seconde stratégie consiste à se tourner vers des produits à faible volatilité (« Minimum Volatility »). Dans ce cas, l’investisseur n’achète pas de protection mais s’expose à des titres sélectionnés et pondérés en fonction d’une volatilité historiquement plus faible. Cette stratégie qui demande plus de patience à l’investisseur, généralement moins averse au risque, offre toutefois l’avantage de réaliser des performances proches des principaux indices boursiers en période de hausse tout en protégeant l’investisseur dans les périodes de baisse des marchés. A noter que ces valeurs défensives n’appartiennent pas à un type de secteur en particulier mais les entreprises sous-jacentes ont la caractéristique de présenter des business model stables.
Sur le plan de l’allocation géographique recommandée, la prudence s’impose pour les marchés émergents. Les négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine continueront de peser sur le climat des affaires alors que le ralentissement de l’économie mondiale pénalise dure- ment les économies émergentes. Après l’effondrement des marchés au premier trimestre, les actions américaines ont connu un rebond plus rapide, en comparaison des autres zones géographiques. Les perspectives maussades de l’économie de la zone euro et les tensions autour du Brexit pénalisent les indices européens. La perspective de l’élection présidentielle américaine, en novembre, devrait cependant entretenir la volatilité des marchés aux Etats-Unis au cours des prochains mois.