La crise est-elle finie ?
La crise est-elle finie ? On pourrait le croire en feuilletant les journaux des derniers jours, qui soulignent que les indices boursiers ont effacé les pertes enregistrées depuis le début de l’année. Il est vrai que le Nasdaq Composite, qui regroupe les principales valeurs technologiques américaines (dont Apple, Intel, Amazon), est nettement au-dessus de son niveau de fin 2008 (1.744 points contre 1.577 points). En début de semaine, le CAC 40 français est aussi repassé dans le vert, tout comme le DAX allemand.
Que s’est-il passé ? Depuis le point bas du 9 mars, les places boursières ont enregistré ce que les investisseurs nomment un “rally”, un mouvement haussier. La raison ? En premier lieu, les résultats des groupes financiers au premier trimestre ont été un peu meilleurs que les anticipations. Après avoir échappé, grâce au soutien de la puissance publique, à une faillite qui aurait eu des conséquences incalculables pour l’ensemble de l’économie mondiale, les banques ont commencé à nettoyer leurs comptes. Dans le même temps, les marchés du crédit ont recommencé à fonctionner et nombre d’entreprises ont pu procéder à des émissions obligataires ces derniers mois. Cette activité explique d’ailleurs pour une bonne part les résultats des banques.
Mais tout cela peut-il durer ? Il faut souligner que certains indices importants comme le Dow Jones Industrials aux Etats-Unis, le Footsie au Royaume-Uni et l’EuroStoxx 50 européen n’ont toujours pas retrouvé leur niveau de fin 2008. Il faut aussi insister sur le fait que les indices ont perdu entre 40% et 50% l’an dernier. Toute évolution permettant d’effacer les pertes du début de l’année ne suffira pas à permettre aux investisseurs de retrouver ce qu’ils ont abandonné l’an dernier.
Priorité à la situation financière
Nous venons de vivre en fait un “Bear Market Rally”, un mouvement de hausse dans un marché baissier. Prenons la journée du 30 avril à la Bourse de Paris. Ce jour-là, le CAC 40 a clôturé sur un gain de 1,38%. Pourquoi ? Parce que les résultats, bien qu’en forte baisse, ont rassuré les investisseurs. Ainsi Renault a gagné près de 10% malgré une chute de 31% de son chiffre d’affaires trimestriel. Même chose pour Saint-Gobain (+3,92%) malgré une baisse de 15% des ventes.
Quant à Axa, il s’est envolé de 10,2% parce qu’il a exclu une augmentation de capital. Un gérant d’une grande société de gestion qualifie ce mouvement boursier de “Rally des poubelles” et souligne que les volumes demeurent faibles. L’expression est féroce mais il est clair que les investisseurs sont toujours dans une phase où ils regardent moins les fondamentaux de l’entreprise. Ils s’attachent surtout à la situation financière. Toute entreprise démontrant qu’elle n’a pas besoin de renforcer ses fonds propres ou ses liquidités s’en sort. A contrario, un groupe ayant des perspectives solides mais ne disposant pas de marges financières à court terme est durement sanctionné.
Cette situation montre bien qu’il n’y a toujours pas de stabilité sur les marchés boursiers. Les investisseurs de long terme sont prudents et gardent leur cash tandis que les opérateurs les plus hardis tendent des coups au jour le jour. On ne pourra en sortir que quand l’économie donnera des signes réels de reprise. Pour le moment, ce n’est toujours pas le cas. Les Etats-Unis tablent sur une amélioration à partir de la fin de cette année. A ce moment là, un rebond boursier aura des bases solides.