C’est une question qui revient régulièrement en cas de crise économique et financière : quand prendra fin la suprématie du dollar ?
C’est une question qui revient régulièrement en cas de crise économique et financière : quand prendra fin la suprématie du dollar ? Depuis quelques mois, le sujet a pris une importance considérable car la Chine est à la manoeuvre. Forts de leurs quelque 2.000 milliards de dollars de réserves de change, Les autorités de Pékin ont commencé à critiquer l’administration américaine en insistant sur la nécessité de gérer rigoureusement les comptes publics alors que les déficits vont s’envoler avec les plans de relance annoncés depuis l’automne.
Des responsables gouvernementaux ont même demandé à Washington de veiller à ce que les investissements de Pékin soient protégés. Il faut dire que les deux tiers des réserves de change du pays sont investis en actifs américains, essentiellement des bons du Trésor. En mars, le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, a appelé à la création d’une “monnaie super-souveraine”. Pour lui, il s’agit de “créer une monnaie internationale déconnectée des nations individuelles et en mesure d’être stable sur le long terme”. La Chine a évoqué cette question récemment avec le Brésil.
Mais il n’y a pas de mesures concrètes permettant de créer une alternative au dollar. Pour le moment, Pékin se contente de nouer des accords prévoyant des prêts en échange de matières premières. Une politique engagée avec des Etats africains et même la Russie. La Chine vient de prêter 10 milliards de dollars à Petrobras en échange de livraisons de 200.000 barils jour par an pendant dix ans.
Les investisseurs ne voient pas en quoi cette stratégie peut menacer la suprématie du dollar. Ils notent d’ailleurs que la Chine a acheté pour 250 milliards de dollars de dette américaine depuis le début de l’année. Pour eux, Pékin s’inquiète de la montée des déficits américains et veut surtout empêcher une réévaluation du yuan. Une telle évolution serait en effet préjudiciable pour la compétitivité des produits chinois exportés dans le monde entier. Pour maintenir un statu quo qui lui profite, la Chine se contente donc de jouer un rôle d’aiguillon. Cette situation n’est pas pour déplaire sur les marchés financiers car la pression chinoise oblige les Etats-Unis à faire preuve de discipline budgétaire. Arielle Levi, gérante chez CCR Actions (groupe UBS), résume la crainte actuelle des investisseurs : “si les taux d’intérêt reste bas trop longtemps, il y a un risque d’une reprise de l’inflation et dans ce cas le dollar peut chuter”.
Pour éviter une dépréciation de ses actifs dollars et pour éviter de trop fortes pressions pour laisser sa propre monnaie évoluer normalement, la Chine rappelle aux Etats-Unis les règles de la nouvelle coopération économique internationale. Elle n’a pas les moyens de créer une nouvelle monnaie internationale mais elle veut co-gérer l’actuelle monnaie de référence.