Le président français Nicolas Sarkozy vient d’annoncer que la France serait à l’avant-garde pour faire modifier les outils statistiques afin que ce
Le président français Nicolas Sarkozy vient d’annoncer que la France serait à l’avant-garde pour faire modifier les outils statistiques afin que ceux-ci n’intègrent plus seulement les éléments économiques traditionnels (comme le Produit intérieur brut, c’est-à-dire la richesse produite par un pays) mais s’ouvrent des éléments non mesurables, comme le bien-être de la population.
“Nous sommes dans une de ces époques où nos certitudes ayant volé en éclat, où nos habitudes de pensée se révélant inopérantes, nous avons tout à reconstruire, tout à réinventer. Nous sommes dans une de ces époques où la question centrale de la politique est celle du modèle de développement, du modèle de société, celle de la civilisation dans laquelle nous aspirons à vivre, que nous aspirons à léguer à nos enfants”, a-t-il déclaré lors de la remise d’un rapport d’une commission pilotée par Joseph Stiglitz et Amartya Sen, deux prix Nobel d’économie.
Mais comment mesurer le bonheur ? Il est évident que les Français – qui disposent d’infrastructures de pointe, de systèmes de santé et d’éducation qui fonctionnent correctement – ont plus de chance que nombre d’humains vivant dans des pays du tiers monde. On pourrait en dire autant des habitants de la plupart des pays d’Europe.
Sont-ils pour autant plus heureux ? S’ils suivent les préceptes d’Epicure – “être heureux, c’est de se contenter de peu”, ils devraient l’être. Mais nous savons, grâce aux statistiques officielles, que ce n’est pas le cas. Les Français ne sont-ils pas les plus gros consommateurs de tranquillisants au monde ?
On pourrait multiplier les comparaisons avec d’autres pays européens qui montreraient que le bien-être des Français est somme toute relatif et pourrait encore progresser. Mais la vraie question est celle-ci : à quoi cela sert-il de mesurer le bonheur ? Les peuples heureux n’ont pas d’histoire. Or, à en juger par les soubresauts qui agitent régulièrement la France, remplacer le thermomètre du PIB par celui du bonheur peut avoir des résultats plutôt catastrophiques pour les gouvernants.