Déjà archi-dominant dans le secteur de la recherche sur Internet, devenu un mastodonte dans les contenus numériques, Google est sur le point de remporter une victoire qui va as
Déjà archi-dominant dans le secteur de la recherche sur Internet, devenu un mastodonte dans les contenus numériques, Google est sur le point de remporter une victoire qui va asseoir un peu plus sa puissance. La Federal Communications Commission (FCC), le gendarme américain des télécommunications et des médias, a proposé en début de semaine de nouvelles règles qui interdiraient aux fournisseurs d’accès Internet – qu’ils soient opérateurs fixes, mobiles ou cablo-opérateurs – d’interférer dans la circulation des informations et des applications sur leurs réseaux.
A priori, cette approche, connue sous le terme de “Net Neutrality”, est pleine de bon sens : le président de la FCC, Julius Genachowski, a expliqué que l’Internet souffrait actuellement de trois problèmes importants : une concurrence limitée entre les opérateurs ; l’incitation pour ces mêmes opérateurs de ne pas promouvoir les services qui concurrenceraient leur activité ; et, enfin, les difficultés causées à ces opérateurs de la croissance continue du trafic Internet.
La FCC pense que les anciens monopoles empêchent le développement de l’Internet car ils contrôlent les réseaux et peuvent bloquer et réduire le débit des fournisseurs de services. Cette vision doit être corrigée : les opérateurs ont certes créé des fournisseurs d’accès qui ont capté la plus grande part du marché. Mais les nouveaux entrants ont réussi à s’imposer quand ils ont investi dans leurs propres infrastructures. En revanche, les contenus ont totalement échappé aux opérateurs, qu’ils soient historiques ou alternatifs, au profit de nouveaux acteurs comme les moteurs de recherche (Yahoo, Google) et comme Apple sur le mobile avec l’iPhone.
Les opérateurs comprennent depuis ces deux dernières années que la chaîne de la valeur ajoutée dans les télécoms a été modifiée au profit des fournisseurs ou gestionnaires de contenus. Or, ces fournisseurs de contenus paient une somme relativement modeste pour bénéficier des réseaux installés par les opérateurs.
Même si Google a installé des serveurs un peu partout dans le monde, ses coûts restent relativement faibles par rapport à ses revenus, d’où une marge brute de 61%, une marge opérationnelle de 34% et une marge nette de 27% sur le deuxième trimestre 2009, le tout sur des revenus en légère hausse à 5,522 milliards de dollars.
La décision de la FCC, sous couvert de protéger les consommateurs, va donc renforcer la puissance de Google, assuré de pouvoir continuer à se développer en profitant des infrastructures des opérateurs sans trop bourse délier.
Cela pourrait avoir deux conséquences. La première serait une réduction des investissements par les opérateurs. Ils pourraient se dire qu’ils n’ont aucun intérêt à proposer des réseaux de plus en plus performants à des fournisseurs de services et de contenus qui captent l’essentiel de la valeur ajoutée sans les rétribuer correctement. La seconde conséquence serait l’entrée massive des opérateurs dans le domaine des contenus. Avec leurs cash flows abondants, les grands acteurs comme Verizon ou AT&T n’auraient aucun mal à racheter des moteurs de recherche comme Yahoo ou Ask ou des producteurs de contenus comme les majors de la musique et du cinéma. In fine, on assisterait donc à une concentration, c’est-à-dire l’inverse de ce qui est recherché officiellement par la FCC.