Comment doper la croissance

Un nouveau rapport qui doit être remis en juillet au président de la République énonce des propositions pour porter la croissance économique de la France à

Un nouveau rapport qui doit être remis en juillet au président de la République énonce des propositions pour porter la croissance économique de la France à 2,5%-3,0% par an d’ici 2020. Une perspective plutôt heureuse alors que le gouvernement table sur 1,4% cette année.

Mais comment doper l’activité ? Le rapport évoque “un effort accru d'investissement et d'innovation” et une “réforme du marché du travail”. Pour l’instant, il n’y a pas de proposition précise et on peut le regretter. Contrairement à ce qu’on pense souvent en France, ce ne sont pas les grandes déclarations politiques ni les rapports d’experts qui permettront de relancer l’économie.

La France a de nombreux atouts pour devenir une puissance économique plus dynamique : des infrastructures (transports, énergie, communications, etc.) modernes et un système de santé et un système d’éducation qui fonctionnent. Ce qui manque au pays c’est l’esprit d’initiative.

Prenons l’exemple de la création d’entreprise. Le gouvernement est tout heureux du succès du statut de l’auto-entrepreneur. Mais ce n’est pas cette innovation qui va doper la croissance. Ce statut permet à des salariés ou à des retraités de bénéficier d’une structure pour facturer certaines prestations commerciales ou de conseil. La vrai défi est de favoriser la création de vraies entreprises pouvant recruter des salariés et donc de lutter contre le chômage.

Mais pour créer une entreprise en France, il faut se livrer à un véritable parcours du combattant. Quelqu’un qui lance une PME reçoit rapidement des documents de la part du tribunal de commerce (qui détient un monopole surprenant sur les formalités de création d’entreprises), de la part de l’administration fiscale, de la part des organismes sociaux, etc. Et si on recrute un salarié, ce sont de nouveaux organismes dont on ignorait l’existence qui se manifestent.

La gestion de cette paperasse se fait bien entendu au détriment de l’activité principale : une entreprise doit essayer de produire les meilleurs produits ou services afin de les vendre au plus grand nombre. Mais en France, on doit d’abord satisfaire une série d’intervenants qui ont pour mission première de remplir des formulaires et de collecter des taxes à on ne sait quelles fins.

Pas étonnant que la majorité des Français disent préférer rester salariés et pas étonnant que nombre d’entre eux veuillent rejoindre la fonction publique. Quant à ceux qui ont l’esprit d’entreprise – notamment ceux qui sortent des écoles spécialisées – ils préfèrent souvent créer leur activité dans un autre pays, comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis.

Pourtant, des possibilités existent. Prenant l’exemple des nouvelles technologies de la communication (NTIC). Le gouvernement a décidé de faire un effort financier important pour le déploiement de la fibre optique. Mais cette infrastructure profitera aux seuls géants américains de l’Internet comme Google et Yahoo si on ne favorise pas dans le même temps la création d’activités autour des logiciels d’application et des contenus. La France dispose d’une pépinière de talents dans le domaine des NTIC mais encore faut-il transformer ces talents en entrepreneurs.

Si on veut vraiment doper l’activité en France, il est impératif de rendre la création d’entreprise extrêmement simple et, surtout, de faciliter la vie des entrepreneurs. On objectera qu’en simplifiant à l’extrême les règles on pourrait favoriser des escrocs. Aux Etats-Unis, les règles sont plus souples et il ne semble pas qu’il y ait plus d’escrocs qu’en France. Pour une raison simple : celui qui viole les règles outre Atlantique va en prison s’il est pris. En France, les règles sont extrêmement complexes mais les sanctions sont peu fréquentes. En outre, il y a toujours une faille certains peuvent s’y engouffrer sans risquer de poursuites.

On en arrive à cette situation aberrante : tout est fait pour décourager les personnes honnêtes – en particulier les jeunes – qui veulent créer une entreprise. Avant de lancer des plans d’investissement public dans des secteurs dits d’avenir, les pouvoirs publics devraient commencer par supprimer tous les petits obstacles qui empêchent les créations d’entreprises ou, en tout cas, compliquent la vie des entrepreneurs. Pour ce faire, il n’y a pas besoin de mobiliser des milliards voire des dizaines de millions d’euros. En supprimant des structures administratives qui sont devenues inutiles, l’Etat pourrait même faire des économies. Et il libérerait les énergies.