Signe que la France s’inquiète pour sa situation financière, et notamment pour sa note “AAA” auprès des agences de notation de crédit, le secrét
Signe que la France s’inquiète pour sa situation financière, et notamment pour sa note “AAA” auprès des agences de notation de crédit, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a accordé une longue interview au quotidien économique Financial Times (21/06) pour assurer que le gouvernement était déterminer à trouver les 100 milliards d’euros nécessaires pour ramener le déficit public à 3% du Produit intérieur brut (PIB) en 2013 contre 8% en 2010. Dans le même temps, pour convaincre de sa volonté de faire des économies, le gouvernement a engagé des consultations pour réformer le système de retraite, fortement déficitaire.
La France peut-elle redresser ses finances publiques ? Les investisseurs internationaux – en particulier ceux qui prêtent chaque semaine de l’argent au pays pour qu’il puisse continuer à payer les salaires des fonctionnaires et financer des investissements – n’y croient pas. Ils soulignent que la France n’a jamais réussi à présenter un budget à l’équilibre depuis 30 ans et que ses dirigeants, quelle que soit leur couleur politique, ont tendance à considérer que l’argent public peut être utilisé sans limite et sans contrôle. Bref, la France n’inspire pas naturellement confiance. Les dirigeants politiques français actuels n’ont aucun crédit quand ils affirment que la France fait plus d’effort que l’Allemagne. C’est méconnaître totalement l’ampleur des réformes mises en oeuvre outre-Rhin pour faire face aux conséquences économiques de la réunification et à la mondialisation.
L’autosatisfaction française ne parvient pas à convaincre hors des frontières de l’Hexagone. Et cela se traduit par des mouvements sur les marchés financiers. Les économistes ont déjà relevé que l’écart de rendement (spread) entre la France et l’Allemagne s’était creusé à environ 50 points de base alors que les emprunts à 10 ans des deux pays se traitaient au même niveau l’an dernier. Mais cette divergence apparaît aussi pour les actions. L’indice CAC 40 français est en repli de 7,5% depuis le début de l’année alors que le DAX allemand gagne 4,2%. Sur les 12 derniers mois, le premier affiche un gain de 14% tandis que le second enregistre une performance positive de 28%.
Les grandes entreprises françaises sont aussi efficaces et globales que les entreprises allemandes. Elles devraient profiter pareillement de la reprise mondiale. D’où vient cette différence de traitement ? Les investisseurs internationaux ont redécouvert depuis quelque temps le “risque pays”.
Ils évitent d’une manière générale l’Europe, considéré comme “l’homme malade du monde”, pour reprendre l’expression de Frédéric Buzaré, directeur de la gestion fondamentale actions de Dexia Asset Management. C’est lié bien sûr à la crise des dettes souveraines et à l’incapacité des dirigeants politiques européens à mettre en oeuvre rapidement des solutions.
Mais, comme on ne peut pas faire une croix sur la première zone économique de la planète, les investisseurs opèrent une sélection en fonction de pays. Cela se voit dans les spreads de crédit mais aussi de plus en plus dans les indices boursiers. Le FTSE MIB de Milan est en recul de 12% depuis le 1er janvier, l’Ibex de Madrid de 17% en raison des problèmes très sérieux de l’Italie et de l’Espagne. En revanche, outre l’Allemagne, les Pays-Bas bénéficient d’une prime (stabilité de l’indice AEX à -0,07%) tandis que le Royaume-Uni est relativement peu sanctionné (-4,3% pour le FTSE de Londres) du fait de la forte internationalisation de ses grandes entreprises et aussi de sa décision de ne pas faire partie de la zone euro. Le pays peut ainsi dévaluer sa monnaie (la livre sterling) pour assainir ses finances publiques et favoriser la reprise.
La France fait clairement partie des pays dont les investisseurs se défient. Pour qu’ils se mettent de nouveau à acheter des actions françaises (et qu’ils continuent à acheter des obligations d’Etat), le gouvernement doit prendre des mesures drastiques. Un projet de réforme du système de retraite, prévoyant le report de l’âge légal de départ à 62 ans contre 60 ans, a été présenté et les agences de notation semblent avoir réservé un accueil favorable à cette mesure. xxxxxxxxxxxxxxxxxxx Mais le gouvernement doit aller plus loin en réduisant les déficits et la dette. Il est impossible aujourd’hui de se rassurer en se regardant dans le miroir allemand. L’image que renvoie ce miroir n’est pas flatteuse. Et les investisseurs internationaux, qui sont les vrais juges de paix, sont très sensibles à cette image.