par Philippe Waechter, Directeur de la Recherche Economique de Natixis Asset Management.
L'indice synthétique de l'enquête ISM relative au secteur manufacturier s'est inscrit à 36.2 en novembre contre 38.9 en octobre. L'activité ralentit encore et à un rythme qui s'accélère. Sur les 2 premiers mois du trimestre, la moyenne est de 37.6 à comparer avec le chiffre de 47.8 qui était la moyenne de T3 et 49.3 observé en moyenne sur le premier semestre. Un tel niveau d'indice peut être compatible avec un repli du PIB de 4 à 5 % en taux annualisé au 4ème trimestre.
Les cinq composantes de l'indice ISM sont en repli au cours du mois de novembre. Le repli le plus marqué (en contribution) est celui des stocks puis celui des commandes et celui de la production.
Les commandes m'inquiètent terriblement. L'indice est à 27.9. Depuis 1950, le niveau des commandes n'a été plus faible qu'en juin 1980 à 24.2. Sous un autre angle, on notera que la part des industriels observant un repli de leurs commandes n'a jamais été, en novembre 2008, aussi élevée, depuis 1950 (début de la série). On notera aussi que les commandes en attente sont très faibles (plus bas historique) et les commandes à l'exportation continuent de se replier à un rythme très rapide. Le premier indicateur nous signale que couplé avec l'indice des nouvelles commandes, il n'y a pas d'activité dans "les tuyaux". Le second indicateur suggère que les exportations qui ont déjà commencé à se replier vont le faire avec une ampleur beaucoup plus spectaculaire. Les exportations ne soutiendront plus la croissance.
L'indicateur d'emploi déjà très dégradé en octobre, ne se détériore pas beaucoup plus et continue de refléter une baisse de l'emploi marqué dans le secteur manufacturier.
La baisse de l'indice des prix payés va permettre d'éliminer tout risque de reprise à la hausse des prix de production. Le risque d'inflation est nul. Cependant, le repli de 51.5 points sur 3 mois de l'indice et le niveau le plus faible de l'indice des prix payés dans l'histoire de l'enquête ISM ne me rassurent pas sur le niveau de l'activité, loin de là. En d'autres termes, cela donne des marges de manœuvre aux banques centrales mais signale une configuration macroéconomique des plus détestables.
Conclusion
L'indice ISM a salué l'officialisation aujourd'hui de l'entrée en récession de l'économie américaine (point haut du cycle en décembre 2007 selon le NBER) par un nouveau repli. Le détail de cet indicateur donne des signaux préoccupants Le repli des stocks va se traduire très probablement par un déstockage au 4ème trimestre ce qui tirera vers le bas les chiffres du PIB.
Les commandes sont très très faibles. Il n'y a pas spontanément d'éléments susceptibles d'inverser rapidement la tendance sur l'activité. Les commandes en attente d'exécution sont à un plus bas historique et les commandes à l'exportation aussi.
Le repli des prix payés donne des marges de manœuvre supplémentaires aux banques centrales mais cela ne signale rien de positif à court terme. Les prix baissent faute de demande.
Le repli de l'activité sera, au regard des chiffres actuels, au mieux de 4 à 5 % en rythme annualisé au dernier trimestre 2008