par Katerina Anagnostopoulou, économiste au Crédit Agricole
Les premiers signes de consolidation budgétaire semblent encourageants. L'activité économique continue de reculer (PIB en baisse de 2,5% a/a au premier trimestre) et le chômage est en hausse. L'augmentation des prix s'explique par des mesures ponctuelles.
L'aide du FMI et des pays de la zone euro permet à la Grèce d'assurer le service de sa dette pendant les deux prochaines années, sans être sous le joug des marchés financiers. Les nouvelles mesures d'austérité imposées en échange de cette aide vont nécessairement peser sur la croissance. Le PIB a baissé de 2,5% a/a au premier trimestre 2010, en raison d’un recul marqué des dépenses publiques et de la contraction persistante des dépenses d'investissement.
La consommation a étonnamment bien résisté (en hausse de 1,5% a/a sur un an), mais elle devrait souffrir dans les trimestres à venir de la baisse du revenu disponible, de la hausse des prix, de la montée du chômage et des restrictions sur l’offre de crédit.
Au total, le PIB pourrait chuter de plus de 4% cette année. Bien que sa contribution soit positive, le commerce extérieur ne peut, à lui seul, générer une croissance suffisante, même si l'environnement extérieur reste relativement porteur.
La récession a pesé sur l'emploi : il a baissé de 1,4% au premier trimestre 2010 sur une base annuelle et le taux de chômage est passé à 11,7%, contre 10,3% au trimestre précédent. Les pertes d'emplois dans le secteur privé combinées au gel des embauches dans le secteur public conduiront probablement à un taux de chômage de plus de 12% en moyenne en 2010.
La hausse de l'inflation se poursuit (5,3% a/a en mai) en raison d’un effet de base sur les prix de l'énergie, nettement plus élevés que l'an dernier. L'augmentation des taxes indirectes, destinées à alimenter les caisses de l’Etat, est également source d’inflation, un facteur qui devrait prendre du poids en juillet lors de la hausse de la TVA. De plus, le caractère oligopolistique de certains marchés de biens ou de services se traduit par le maintien de marges élevées. Nous prévoyons une baisse de l'inflation vers la fin de l'année, puis un passage en territoire négatif en 2011. La récession prolongée, la mise en œuvre de réformes structurelles, telles que l'ouverture des professions dites « fermées », devraient, en effet, contribuer à faire baisser les prix.
Concernant les finances publiques, les chiffres du budget ordinaire pour les cinq premiers mois de l'année vont dans la bonne direction, mais n’autorisent aucun relâchement dans l’effort. Les dépenses primaires (hors intérêts de la dette) ont fortement baissé (-11,3% a/a, contre un objectif de -4,4% sur l'année), compte tenu de la baisse des dépenses sociales et de fonctionnement. Cependant, la croissance des recettes (8,3%) n'a pas atteint l'objectif fixé de 11,7%, ce qui souligne la difficulté à augmenter les impôts dans un contexte récessif. Ceci rend d’autant plus nécessaire le renforcement des mesures pour lutter contre l’évasion fiscale.
Le gouvernement s'apprête à prendre des mesures supplémentaires visant à corriger d’éventuels dérapages, tout en avançant sur le front des réformes structurelles. Les tensions sociales – qui se traduisent de manière répétée par des grèves et des manifestations – menacent la mise en œuvre de ce programme. Au total, compte tenu de l'ampleur de l'ajustement budgétaire (5% du PIB cette année) et de la fragilité de l'économie, les risques sont essentiellement baissiers.
La croissance grecque s’est nourrie ces dernières années d’un fort accroissement de l’endettement privé su fond de déficit extérieur, sa capacité de production ne pouvant satisfaire la demande. Il est crucial que la Grèce réussisse à redresser ses finances publiques et à réduire le poids de l’État pour libérer l’initiative privée, source de croissance., L’effort demandé est rude, mais c’est le prix à payer pour faire redémarrer la croissance sur des bases assainies et permettre ainsi de réduire le ratio dette publique sur PIB.