par Ombretta Signori, Stratégiste chez Amundi Asset Management
La première Coupe du monde sur le sol africain nous rappelle que la diversification reste un pilier pour une bonne allocation d’actifs dans un portefeuille, tout comme dans la vie et dans le football (par exemple l’exploit de l’Uruguay). En effet, la diversification peut nous protéger face aux évènements peu probables mais qui de temps en temps arrivent. Qui aurait parié sur une finale inédite de l’Espagne contre les Pays-Bas ? Pas beaucoup de monde sauf peut-être Paul, le poulpe voyant…
Le marché des obligations nominales
Comme le football, les marchés peuvent aussi nous surprendre. Pendant la dernière décennie, les taux longs ont progressivement touché des planchers autrefois impensables. Même aujourd’hui d’un point de vue strictement fondamental, les obligations nous apparaissent chères, notamment pour des pays comme la France et l’Allemagne. Par conséquent, parier sur une hausse des taux longs semble la stratégie la plus raisonnable à long terme. Néanmoins, le graphique ci-dessous nous montre que la vitesse de retour à la valeur fondamentale des taux longs n’est pas toujours la même sur un historique et que les taux peuvent rester très longtemps surévalués, comme c’était le cas à l’époque du conundrum (en 2004 et 2005). A ce jour, en raison de l’incertitude actuelle qui touche en particulier les Etats européens, on ne peut pas exclure que la correction des marchés obligataires se fasse au ralenti. Que faire entre temps ? Une position directionnelle peut être prise sur les maturités plus courtes de la courbe des taux qui ont un risque plus faible. Une autre possibilité est de faire appel à des facteurs plus « tactiques » (comme le momentum ou les flux) et non pas macroéconomiques, pour prendre des paris de court terme tout en ayant conscience que le risque est plus élevé.
L’arbitrage entre obligations nominales et obligations indexées sur l’inflation
Dans les mois qui viennent, une autre source de diversification de la performance pourrait être le marché des obligations indexées sur l’inflation.
De janvier à fin juin, les indices des obligations européennes et américaines indexées sur l’inflation ont sous-performé les indices correspondant des obligations nominales. Les points-morts d’inflation valorisent désormais des anticipations d’inflation de long terme inférieures aux enquêtes réalisées auprès des professionnels (des deux côtés de l’Atlantique), et ce mouvement à la baisse a été accompagné d’une baisse des taux réels sur les niveaux les plus bas de la dernière année. Actuellement, un scenario de pressions inflationnistes nettement plus élevées à long terme nous semble peu probable et pour cette raison, nous préférons ne pas recommander d’arbitrer entre obligations indexées sur l’inflation et obligations nominales. Mais d’autres facteurs comme le portage, les flux et/ou le comportement saisonnier de l’inflation sont à surveiller, puisqu’ils pourraient rendre temporairement attrayant des arbitrages entre ces 2 marchés.
Les faits à suivre prochainement
L’Espagne se hisse sur le toit du monde et oublie pour une nuit ses ennuis et espère même réussir sur le plan financier. Pour l’instant, les CDS continuent à valoriser une probabilité de défaut très haute et peut-être excessive si on ne vise pas sur un éclatement de la zone euro. Il faudra donc suivre avec attention dans les semaines à venir, et pas seulement en Espagne, les premiers résultats des stress tests qui pourraient avoir un impact sur l’évolution et la volatilité des marchés.