par Axelle Lacan, économiste au Crédit Agricole
- Les indicateurs avancés du Crédit Agricole suggèrent une légère accélération de la croissance au 2e trimestre. Nous maintenons notre prévision à +0,3 % t/t (après +0,1 % t/t au 1er trimestre).
- Les enquêtes de conjoncture montrent une légère amélioration du climat des affaires sur le trimestre. Les données d’activité restent mitigées (baisse de la consommation des ménages en produits manufacturés, rebond de la production industrielle).
- L’incertitude porte sur les stocks et le commerce extérieur. La balance des risques nous paraît globalement équilibrée.
Les enquêtes de confiance publiées au 2e trimestre par l’Insee suggèrent dans leur ensemble une amélioration modeste du climat conjoncturel en France. Dans l’industrie, l’indice de confiance gagne 3 points sur le trimestre, à 96 en juin. Il en avait gagné 4 sur le trimestre précédent. La progression de l’indicateur synthétique s’explique en grande partie par le redressement très marqué de la production passée et des stocks. A l’opposé, les perspectives personnelles de production se dégradent sensiblement et les carnets de commandes globaux et étrangers restent bien en deçà de leur moyenne de long terme. Dans les services, l’amélioration du climat des affaires est moins hésitante. L’indice de confiance gagne 6 points sur le trimestre et toutes les composantes progressent. Dans le bâtiment, la situation conjoncturelle se stabilise. Au total, le bilan est mitigé. Il est d’ailleurs confirmé par les résultats des enquêtes PMI. Dans le secteur manufacturier, l’indice PMI reste en zone d’expansion, mais recule sur le trimestre, alors que dans les services, il gagne 7 points, à 60,8 en juin.
Le moral des ménages se dégrade au 2e trimestre, sous pression du niveau élevé du taux de chômage et sans doute par crainte d’une politique budgétaire plus restrictive. L’indicateur résumé d’opinion des ménages perd 5 points, à -39 en juin. Il s’éloigne encore de sa moyenne de longue période (-19). Les ménages sont beaucoup plus pessimistes quant à leur situation financière future et les perspectives d’évolution de leur niveau de vie. Par conséquent, ils jugent le moment peu opportun de faire des achats importants.
A l’instar de ces résultats d’enquêtes en demi-teinte, les données d’activité apparaissent mitigées. La consommation des ménages en produits manufacturés (25 % de la consommation totale) est en baisse de 0,9 % t/t sur le trimestre. Les dépenses en automobiles (-8,4 % t/t) subissent encore le contrecoup des diminutions de la prime à la casse (de 1 000 à 700 euros au 1er janvier, puis de 700 à 500 euros au 1er juillet). En revanche, côté offre, la production industrielle rebondit. Au mois de mai, la production manufacturière a augmenté de 0,5 % m/m, après + 0,3 % m/m en avril. En supposant une stagnation en juin, elle progresserait de 1,9 % t/t au 2e trimestre, contre 1,1 % t/t au 1er trimestre.
Au total, l’indicateur avancé du Crédit Agricole basé sur les enquêtes suggère une croissance du PIB de 0,2 % t/t en France au 2e trimestre. L’indicateur basé sur les données d’activité est plus optimiste et signale une croissance de 0,4 % t/t. Nous maintenons notre prévision de taux de croissance à 0,3 % t/t. En effet, les résultats des enquêtes et les données d’activité indiquent une demande domestique en berne. Nous tablons sur un léger redressement de la consommation privée (+0,3 % t/t). Etant donné le contexte d’incertitudes, l’investissement, des entreprises comme des ménages, devrait rester déprimé (-0,6 % t/t). D’ailleurs, le taux d’utilisation des capacités de production est toujours à un très bas niveau.
L’incertitude porte au final sur les stocks et le commerce extérieur. Les enquêtes de conjoncture dans l’industrie (Insee, Commission européenne) suggèrent une contribution positive des stocks, qui pourrait être plus importante qu’anticipé (+0,1 point). Cependant, la forte détérioration de la balance commerciale en mai laisse penser que l’apport du commerce extérieur pourrait être un peu moindre que prévu (+0,2 point). Au total, la balance des risques nous paraît équilibrée.
Au delà, les premiers indicateurs avancés disponibles pour le 3e trimestre pointent vers un léger essoufflement de l’activité. En ligne avec ces résultats, nous prévoyons une croissance de 0,2 % t/t au 3e trimestre.