par Caroline Newhouse-Cohen, économiste chez BNP Paribas
Aux Etats-Unis, selon la première estimation des comptes nationaux, la croissance du PIB du T2 a ralenti de 3,7% t/t annualisé au T1, à 2,4% en première estimation. Le détail montre que les facteurs de soutien de l’activité au T2 ne devraient pas se retrouver au second semestre. En particulier, l’investissement résidentiel a fortement rebondi, en hausse de 27,9% t/t en rythme annualisé. Cependant, l’expiration du crédit d’impôt immobilier risque d’avoir un impact négatif au troisième trimestre.
L’investissement non résidentiel a aussi progressé de façon très marquée (+17% t/t en rythme annualisé), en hausse pour le deuxième trimestre consécutif, soutenu par le dynamisme des dépenses en machines et logiciels. Enfin, la contribution des variations de stocks à la croissance a chuté de 2,5% à 1% d'un trimestre sur l'autre. Le cycle des stocks devient progressivement moins favorable, après avoir largement contribué à la reprise, dans sa phase initiale.
Par ailleurs, les jugements issus des enquêtes auprès des entreprises et des ménages se sont détériorés au cours des derniers mois, suggérant une croissance de l’activité qui continuerait à se modérer au second semestre. Le Beige Book, reposant sur des informations collectées par les banques fédérales des douze districts entre le 29 mai et le 19 juillet et publié mercredi 28 juillet, indique que la reprise économique se poursuit, mais à un rythme « très modéré ». Deux districts sur les douze ont même signalé une baisse de l’activité. En particulier, le marché immobilier, qui montrait, au début du printemps, des signes de redressement, pâtit désormais de l’expiration du crédit d’impôt immobilier (à la fin d’avril). En outre, les enquêtes de confiance dans le secteur, comme celle de la National Association of Home Builders (dont l’indice phare a reculé de 16 en juin à 14 en juillet, son niveau le plus bas depuis avril 2009), ne permettent pas d’envisager une embellie à court terme. De plus, toujours selon le Beige Book, de nombreuses banques font état du bas niveau de la demande de prêt et de conditions de crédit qui restent tendues. Somme toute, le rapport de la Réserve fédérale ne fait que confirmer les propos tenus par Ben Bernanke, au cours de son allocution trimestrielle devant le Congrès, la semaine précédente. Ce dernier avait, en effet, déclaré que « les perspectives économiques étaient inhabituellement incertaines et la reprise plus modérée que prévu ».
A contrario, dans la zone euro, les dernières enquêtes publiées sont particulièrement encourageantes. Après un deuxième trimestre qui a probablement été très dynamique, avec une croissance du PIB d’environ +0,7% t/t (publication le 13 août), le troisième trimestre s’ouvre sous des auspices tout aussi favorables. Dans la zone euro, l’indice du climat économique, tirée de l’enquête de la Commission européenne, qui est un bon indicateur avancé de la croissance du PIB, est passé de 99,0 en juin à 101,3 en juillet se retrouvant ainsi au dessus de sa moyenne de long terme (100,7) et à son niveau le plus élevé depuis mars 2008. Toutefois, à l’origine de cette forte progression, il y a principalement celle de l’indice allemand qui a augmenté de 4 points, à 110,1, point le plus haut depuis trois ans.
Les indices du climat économique de la France et de l’Italie ont augmenté plus faiblement, alors que celui de l’Espagne a reculé. Le détail de l’enquête montre que l’indice de confiance industrielle a crû de 2 points en juillet après être resté stable les deux mois précédents. La confiance dans les services et celle des consommateurs ont aussi progressé. Le dynamisme de l’activité en Allemagne est également illustré par la hausse de l’indice du climat des affaires tiré de l’enquête IFO, qui s’est inscrit à 106,2 en juillet, son niveau le plus élevé depuis trois ans, après 101,8 en juin. Tant l’indice des conditions courantes que celui des anticipations ont fortement progressé, en hausse de 5,4 et de 3 points respectivement. Somme toute, le rythme de croissance soutenue enregistré au deuxième trimestre pourrait se prolonger, plus longtemps que précédemment anticipé. Toutefois, les indices les plus avancés des enquêtes PMI (production et nouvelles commandes) sont revenus des pics atteints au printemps dernier, indiquant que la reprise devrait ralentir à partir de la fin de l’été. Les mesures de consolidation budgétaire adoptées par la plupart des pays de la zone euro pèseront sur la demande intérieure.
Dans ces conditions, l’euro pourrait se renforcer temporairement contre le dollar, même si la parité EUR/USD reste susceptible de s’approcher de 1,15 d’ici à la fin de l’année.