par Steef Bergakker, gérant du fonds Robeco Infrastructure Equities
Lundi 6 septembre, le Président Obama a dévoilé sa nouvelle stratégie concernant la rénovation et le développement des infrastructures américaines de transport. Ce plan s’appuie sur les investissements déjà réalisés dans le cadre du « Recovery Act », et vise à créer des emplois et à sauvegarder la compétitivité à long terme de l’économie américaine. Il inclut la reconstruction de plus de 240 000 km de routes, la construction et le maintient en état de près de 6 500 km de voies ferrées et la construction ou la remise en état d’environ 240 km de pistes d’aéroports.
Il comprend également la mise en place d’un nouveau système de navigation afin de réduire les temps de trajet et les retards d’avions. Ce plan prendrait forme en un peu plus de 6 ans. Dans un même temps, il a pour objectif de réformer la façon dont les Etats-Unis investissent actuellement dans les transports par la création d’une banque permanente dédiée aux infrastructures. Afin de démarrer la création d’emploi, le Président Obama propose un pré- investissement de 50 milliards de dollars soit une part importante de l’investissement global.
Il existe maintenant une opportunité politique de lancer des plans d’infrastructure Dans les pays démocratiques développés, l’un des plus grands obstacles aux investissements dans des projets d’infrastructures importants, comptant plusieurs années de mise en place et un financement public, est la discordance entre les cycles de réélection politique et le temps nécessaire pour tirer les bénéfices des ces projets coûteux. Généralement, si les politiciens admettent le besoin qu’a un pays d’investir dans ses infrastructures sur le long terme, les opportunités politiques les obligent souvent à se concentrer sur les initiatives à court terme. Elles promettent des résultats politiques plus immédiats même si elles ne réussissent pas à répondre aux besoins d’investissement réels.
C’est pourquoi, comme nous le mentionnons depuis un certain temps déjà, les crises économiques sont souvent à l’origine des plus grandes opportunités politiques d’initier des projets d’infrastructure à grande échelle. Après tout, ces projets permettent de créer un nombre significatif d’emplois, ce qui est politiquement bon en temps de chômage élevé. Les plans de stimulation approuvés l’année dernière en réponse à la crise du crédit, qui incluaient des dépenses substantielles en infrastructures, en sont une manifestation évidente. Cette nouvelle annonce du Président Obama montre clairement que l’environnement actuel est propice à la mise en place d’initiatives importantes et nécessaires dans le domaine des infrastructures.
Cette proposition représente un important pas en avant…
De notre point de vue, ce plan est une avancée importante pour les Etats-Unis qui a un grand besoin de réhabiliter ses infrastructures. Nous apprécions particulièrement la proposition d’établir une banque dédiée aux infrastructures. Elle jugerait des projets sur leur mérite économique plutôt que de marquer sa confiance à coup de subventions fondées sur des formules, ce qui est la pratique actuelle. Cela devrait accélérer et améliorer grandement les processus de décision. De plus cela permettrait d’aborder les besoins de financements futurs sous un bien meilleur angle.
Si le montant total des dépenses prévu dans ce plan demeure vague, le pré-investissement de 50 milliards de dollars est substantiel et a le potentiel de combler le fossé avec le financement actuel des infrastructures. Par exemple, sous le SAFETEA-LU (Safe Accoutable Flexible Efficient Transportation Equity Act : a Legacy for User), acte qui est maintenant expiré, la législation accordait environ 38 milliards de dollars de dépense moyenne annuelle, alors que sous ARRA (American Recovery and Reinvestment Act) 26,6 milliards de dollars sur 2 ans ont été alloués au projet autoroutier.
… mais va-t-elle être acceptée par le Congrès?
S’il ne fait aucun doute que cette actualité est bienvenue pour le thème de l’investissement en infrastructures, la question est de savoir si le Président Obama validera son projet auprès de la Chambre des représentants et des sénateurs. Il dispose d’une fenêtre de quatre semaines pour conclure un accord avant les élections de mi-mandat qui se dérouleront en Novembre. Etant donné que, dans un même temps, le Congrès est sensé se concentrer sur l’amélioration de la législation sur les prêts aux petites entreprises, les chances que cela arrive semblent vraiment minces. Après les élections, si les Républicains gagnaient le contrôle de la Chambre, il est probable qu’ils frustrent les efforts du Président : leur objectif est de réduire les dépenses et le déficit fiscal. Les premières réactions face à l’annonce du Président Obama ont été, comme nous nous y attendions, critiques. Cela semble réduire les possibilités que cette proposition soit acceptée, en tous cas sous sa forme actuelle.
La proposition pourrait être acceptée mais avec délai et elle serait potentiellement étendue.
Quoi qu’il en soit, si nous estimons qu’il y a peu de chance que la proposition soit validée dans sa forme actuelle, et plus particulièrement sur la partie pré-investissement, nous demeurons optimistes sur le fait que la partie la moins controversée, soit la réforme du système de financement et la création d’une banque dédiée aux infrastructures, survivra et sera validée même si cela se fait avec retard. Selon nous, cela représentera toujours une percée capitale dans les dépenses en infrastructure américaines et, de ce fait, un soutien positif pour notre thème d’investissement en infrastructures.
Nous sommes à la veille de connaître le plus important boom d’investissements en infrastructures
Le fonds Robeco Infrastructure Equities a pour objectif de bénéficier de l’accélération attendue des investissements en infrastructures sur les prochaines décennies. Les dépenses mondiales vont fortement augmenter sur les 5 à 10 prochaines années en raison de deux grandes tendances séculaires :
- Dans les économies émergentes, le fort développement des populations, l’urbanisation galopante et la croissance des richesses entraînera de fortes dépenses dans les projets d’infrastructure.
- Les économies matures ont sous-investi dans leurs infrastructures depuis la moitié des années 70. Aujourd’hui ces économies doivent moderniser ces infrastructures vieillissantes, ne pas seulement remplacer celles qui sont obsolètes mais également dynamiser leur compétitivité, améliorer leur efficacité énergétique et réduire la pollution.
Des effets combinés de ces forces motrices résultera le plus grand boom dans les investissements en infrastructure que le monde ait connu. Nous estimons que ces dépenses pourront doubler en pourcentage du PIB mondial dans les 5 à 10 prochaines années. Cela se traduira par un taux de croissance annuel nominal de 10% à 15% pour les entreprises exposées à ce thème, selon la tendance de croissance nominale du PIB mondial. Les valorisations de marché de ces entreprises ne reflètent généralement pas cette accélération. Elles ont de ce fait un potentiel considérable et la croissance des revenus organiques et des bénéfices sera élevée. Selon nous, cette combinaison de forte croissance des bénéfices et du potentiel de hausse de la valorisation aura pour conséquence une surperformance significative des entreprises exposées, par rapport au marché global des actions.
Les stimulations des gouvernements agissent comme un catalyseur important
De façon quelque peu paradoxale, la crise économique actuelle est un catalyseur majeur pour le thème des investissements en infrastructures. Les plans de stimulation gigantesques qui ont été annoncés pour combattre la récession allouent tous virtuellement des sommes dédiées aux infrastructures. Du point de vue mondial, ces plans représentent environ 2 300 milliards de dollars soit plus ou mois 4% du PIB mondial, et la part allouée aux dépenses en infrastructure se monte à 35% – 40% de cette somme soit environ 1,5% du PIB mondial. L’essentiel de cet argent devrait être dépensé en 2010.
Robeco Infrastructure Equities se concentre sur les constructeurs et non sur les opérateurs. Aussi surprenant que cela soit au regard de toute l’attention portée aux plans d’investissements en infrastructures, la vaste majorité des fonds thématiques investis sur ce secteur se concentrent sur les opérateurs : services publics, télécom, gestionnaires d’autoroutes… Ces entreprises ne bénéficieront pas de cette croissance des investissements. En fait, elles auront même à payer une petite part de la facture. Les grandes gagnantes seront les entreprises de construction, les sociétés d’ingénierie, les producteurs de matériaux de construction (granulats, ciment, cuivre et acier) et les équipementiers. C’est pourquoi Robeco Infrastructure Equities se concentre sur ces actifs qui, selon nous, ont un profil de risque nettement supérieur aux opérateurs mais qui offrent des rendements tout aussi largement supérieurs.