par Anis Bensaidani, Économiste chez BNP-Paribas
L’élection présidentielle du 5 novembre est associée, sur le plan économique, à des enjeux économiques sous-jacents mais potentiellement déterminants.
Aspects politiques : le scrutin oppose la vice-présidente Kamala Harris (démocrate) à l’ancien président Donald Trump (républicain). Le mandat du vainqueur débutera le 20 janvier 2025. Le scrutin s’annonce particulièrement disputé, malgré un momentum de fin de campagne en faveur de Donald Trump. Dans le même temps, les électeurs se prononceront sur la composition du futur Congrès, dont l’impact sera majeur sur la marge de manœuvre de la nouvelle administration.
Contexte économique : le vote intervient sur fond d’apparente puissance renforcée de l’économie. Celle-ci s’illustre par de solides performances macro-économiques, malgré les chocs récents, qui semblent augurer d’un atterrissage en douceur. Néanmoins, les hausses passées de prix et de taux continuent de peser sur le moral des agents.
Enjeux économiques :
- Relations économiques internationales : le scrutin n’enrayera pas la tendance à la dé-globalisation. Les deux camps s’inscrivent dans des réflexes protectionnistes et interventionnistes.
- Régulation et environnement : la volonté de déréglementation de Trump s’oppose à la promesse de Kamala Harris de s’attaquer aux pratiques monopolistiques. La question environnementale marque un clivage plus net entre les candidats. Donald Trump souhaite notamment remettre en cause le soutien aux énergies renouvelables et faciliter l’exploitation des énergies fossiles.
- Politique budgétaire : les projets de Trump et de Harris sont opposés en matière de taxation et de public ciblé. Cependant, les deux sont jugés générateurs de dette additionnelle, malgré l’évidente détérioration des finances publiques. L’hypothèse Trump est associée au risque le plus important, du simple au double.
Réserve fédérale : une atteinte à l’indépendance de la Réserve fédérale (Fed), suggérée par Trump, nuirait à sa crédibilité, avec des conséquences néfastes pour le mandat dual et l’attractivité des titres américains.
Impact pour le reste du monde :
Le risque principal est lié à un renchérissement du dollar américain et des taux d’intérêt. La politique promue par Trump est susceptible d’accroître les rendements obligataires américains (surcroît de dette) et l’inflation (restriction de l’offre, tarifs douaniers), cette dernière amenant la Fed à relever ses taux. Il en résulterait des conditions financières resserrées pour le reste du monde pesant sur la croissance et les comptes publics.