par Olivier Raingeard, Directeur des investissements chez Neuflize OBC
Sa victoire à l’élection présidentielle américaine, et plus largement celle du camp Républicain au sein des deux chambres, donne à D. Trump le champ libre pour appliquer son programme de campagne. Dans ce dernier, 3 thèmes sont susceptibles d’avoir un impact sur l’économie américaine, et mondiale, dans les prochains trimestres :
- Sur le plan fiscal, la baisse des impôts pour les entreprises aura un impact positif sur les bénéfices et par répercussion sur la croissance américaine, mais cela pourrait aussi creuser davantage le déficit budgétaire américain.
- La politique commerciale sera plutôt favorable aux Etats-Unis et plus agressive vis-à-vis du reste du monde, puisque Trump s’est exprimé en faveur de la mise en place un tarif douanier universel pour les importations provenant de l’Europe, du Mexique et de la Chine.
- La volonté de durcir quelque peu la politique migratoire, pourrait déstabiliser un marché de l’emploi déjà tendu, et créer une forte pression sur les salaires. Ces mesures sont de nature à alimenter les tensions inflationnistes.
En synthèse, la politique mise en place par Trump devrait générer un peu plus de croissance, un peu plus d’inflation aux Etats-Unis et probablement de la part de la Banque Centrale américaine, une baisse des taux inférieurs à celle attendue.
Cependant, nous restons mesurés sur la mise en place d’une politique douanière trop agressive qui ne serait pas sans conséquences pour les États-Unis, et ce pour deux raisons :
- L’augmentation très importante des tarifs douaniers aurait un impact négatif pour le consommateur américain, en générant un choc d’inflation.
- Il serait paradoxal que Trump alimente lui-même cette inflation, sujet qui précisément a probablement fait perdre le camp démocrate et fait gagner le camp républicain.
Le durcissement de la politique commerciale n’est pas un sujet nouveau, le mouvement ayant été initié durant le premier mandat de D. Trump. Nous considérons que cette arme douanière utilisée vis-à-vis des Européens vise à rééquilibrer quelque peu les pouvoirs de force en faveur des Etats-Unis.
Et vis-à-vis de la Chine, il s’agit là de la poursuite d’une « guerre » structurelle et structurante, à la fois manufacturière et technologique.
Conséquences pour l’Europe
L’Europe sera soumise à de multiples pressions dans les trimestres à venir. Une pression commerciale mais aussi politique liée à son positionnement sur le conflit russo-ukrainien, sur l’aide qu’elle peut apporter à l’Ukraine et plus largement, sur tous les sujets de défense (contribution à l’OTAN, etc…)
A court terme, une réponse forte de l’Europe n’est pas évidente pour deux raisons :
- La présence d’un courant attentiste assez fort au sein de l’Union européenne, en particulier des pays qui sont un peu plus à l’est de l’Europe.
- La faiblesse du couple franco-allemand et à la crise politique en Allemagne qui conduira probablement à des élections anticipées en mars prochain.
C’est à l’issue de ces élections allemandes que nous verrons si les Européens sont capables d’apporter une réponse vigoureuse à une politique commerciale probablement assez agressive de la part de l’administration Trump.
Réaction des marchés
Depuis deux ou trois mois déjà, des positions ont été prises sur les marchés financiers, en prévision d’une inflation et des taux plus élevés et d’un dollar plus fort, dans ce que Wall Street a nommé : le « Trump Trade ».
Mais il n’est pas évident de bien distinguer les positions qui étaient liées à la probable victoire de Trump de celles liées aux fondamentaux de l’économie américaine car, dans le même temps, celle-ci montrait à nouveau des signes de résilience assez puissants.
Le jour de l’élection présidentielle américaine, alors que les marchés européens étaient en baisse, les marchés américains ont affiché de fortes hausses, notamment dans le secteur financier et celui des Mid et Small Caps Américaines. Cette progression, s’explique tout simplement par le fait que les investisseurs anticipent une déréglementation assez puissante aux États-Unis, qui soutiendra le secteur financier et celui des petites et moyennes capitalisations américaines.
Tout n’avait sans doute pas été joué sur cette élection de Trump.
Allocation d’actifs
Dans ce contexte, pour les mois à venir et l’année 2025, nous envisageons une allocation d’actifs comme suit :
- Surpondération des actions, dans un environnement où les banques centrales vont baisser les taux et en particulier la Banque centrale européenne. La Banque centrale européenne va devoir baisser fortement ses taux et nous considérons que fin 2025, le taux de dépôt sera de 1,5%.
- Diversification des portefeuilles actions en privilégiant les actions internationales (c’est-à-dire hors Europe) et en particulier les actions américaines. On le voit cette année, les actions européennes sont sur une performance de l’ordre de 10% tandis que les actions américaines sont sur une performance de 25%.
- Surpondération des actifs obligataire portée par une baisse des taux.
- Sous-pondération des actifs monétaires et des liquidités.