par Eric Bertrand, Directeur Général Délégué, Directeur des gestions, chez OFI Invest Asset Management
2024 aura été une année pleine de contrastes marquée par des résultats prévisibles et des événements inattendus dont les conséquences vont alimenter 2025. Une grande majorité de la planète a voté l’an dernier. Si les élections de Donald
Trump, de Vladimir Poutine ou de Narendra Modi étaient plus ou moins prévisibles, les développements démocratiques en France et en Allemagne ont apporté de l’incertitude, creusant un peu plus le fossé entre une Europe affaiblie face à des États-Unis et une Chine volontaristes.
Du côté des marchés financiers, la Banque Centrale Européenne (BCE) comme la Réserve fédérale américaine (Fed) ont, toutes deux comme attendu, effectué leur pivot monétaire abaissant leurs taux directeurs de 100 points de base chacune sur fond d’inflation en reflux. Les taux longs, après avoir logiquement corrigé les excès d’anticipations de fin 2023, ont suivi la trajectoire attendue jusqu’à l’élection de Donald Trump, en direction comme en volatilité, mouvement qui devrait se poursuivre en 2025.
Les actifs crédit ont, à nouveau, réalisé une très belle performance, favorisée par la saine gestion des entreprises et l’assouplissement monétaire. Pour la deuxième année consécutive, les marchés d’actions signent également une belle année.
Si nous avions bien anticipé la tendance des marchés européens, le S&P 500 a une nouvelle fois surpris à la hausse avec un secteur technologique, emmené par ses « Sept magnifiques » – devenus entre temps les « BATMMAAN »(1) – avec
quasiment 25 % de performance. Les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel mais il était difficile de se passer de Nvidia* dans un portefeuille d’actions américaines l’an dernier.
2025 s’inscrira-t-elle dans le prolongement de 2024 ?
La volatilité induite par le retour tonitruant de Donald Trump devrait se maintenir dans les premiers mois de l’année. Les marchés oscilleront entre ses déclarations, le passage aux actes et surtout ses conséquences à moyen terme. Les Banques
Centrales devraient poursuivre leur cycle de baisse de taux. Moins ample pour la Fed (deux baisses de 0,25 % attendues à l’heure actuelle) sur fond de croissance résiliente et de risque de résurgence de l’inflation. À l’inverse de la BCE qui devrait,
au minimum, baisser ses taux de 100 points de base au premier semestre face à une croissance européenne fragilisée. Au vu des anticipations déjà intégrées dans la courbe, les taux longs devraient acter cet assouplissement monétaire et les courbes se pentifier. Les niveaux actuels nous paraissant d’ores et déjà attractifs et permettant d’acheter de la duration, de surcroît utile en cas de stress de marché.
Le marché du crédit devrait, selon nous, réaliser une année fondée sur le portage. Nous n’attendons pas de mouvements majeurs sur les marges des obligations d’entreprise.
De leur côté, les marchés actions devraient continuer d’être bien orientés dans le sillage de la locomotive américaine ainsi que des mesures de relance en Chine. Nous maintenons notre position acheteuse sur les actions américaines, initiée en novembre, mais toute chose a un prix et nous anticipons un probable rebasculement vers l’Europe quand l’horizon s’éclaircira sur la politique allemande et surtout sur un possible arrêt du conflit Ukrainien et la reconstruction du pays. La volatilité devrait rester importante et, plus que jamais, la mobilité sera essentielle dans des marchés qui vont progressivement intégrer le nouvel ordre mondial qui se dessine.