par Augustin Lecoq, Gérant actions et Paul Rafalovic, Analyste actions, Mandarine Gestion
Entre puissance minière, essor technologique et ambitions énergétiques, l’Australie s’impose comme un terrain fertile pour les microcaps, soutenues par un marché boursier parmi les plus actifs au monde.
14e économie du monde, seul pays à avoir résisté à la crise de 2008 et maintenu une croissance positive pendant quasiment 30 ans après la fin de la guerre froide (un record dans les économies développées)1, l’Australie est une véritable terre d’opportunités pour les investisseurs à la recherche de PME innovantes cotées en bourse.
Un marché boursier dynamique porté par les fonds de retraite…
L’écosystème boursier est en effet alimenté par des flux d’investissement massifs, dictés par les fonds de Superannuation (pensions locales), qui placent 25% des actuels 4,1 trillions de dollars australiens (2,3 trillions d’euros)2sous gestion dans des sociétés cotées domestiques. Le pays dispose en outre d’un excellent marché primaire après IPO et trône à la première place mondiale en volume pour les augmentations de capital (1 270 deals réalisés sur l’ASX en 2024 contre 900 pour le Nasdaq)3, une caractéristique qui illustre les bonnes conditions de financement pour les petites capitalisations notamment, qui s’appuient sur les marchés publics pour soutenir leur croissance. Dans ce contexte, les microcaps australiennes ont surperformé leurs grandes sœurs, avec une performance annualisée de 12,37% sur 10 ans glissants pour le S&P ASX Emerging companies, contre 9,60% pour le S&P ASX 2004.
Géographiquement isolé, le pays n’en est pas moins intégré au commerce mondial et parvient à tirer son épingle du jeu, même dans un contexte de tension des relations internationales et de guerre tarifaire.
Matières premières : un pilier stratégique de la croissance australienne
En dépit de ses liens historiques avec Washington, le Lucky Country n’exporte que 5% de ses produits finaux vers les Etats-Unis. Il peut en outre compter sur son profil d’exportateur de matières premières, notamment vers la Chine (36% des exportations totales du pays)5 dont les plans de soutien à l’économie irriguent la dynamique industrielle et stimulent la demande en fer. A cet égard, l’Australie assure aujourd’hui un tiers de la production
mondiale de fer6 et peut compter sur des acteurs comme Fenix Resources, un leader intégré sur la production de ce minerai. Par ailleurs, soutenus par une réglementation favorable au secteur, de nombreux producteurs d’or comme Pantoro Gold ont profité de l’envolée des cours pour dégager des bénéfices records.
Santé, défense et transition énergétique : des niches en pleine expansion
Si les matières premières demeurent un atout non négligeable du pays, l’Australie a su investir dans d’autres secteurs clés et se positionne aujourd’hui comme un leader dans de nombreuses niches. Cette dynamique est soutenue par un dispositif fiscal particulièrement attractif pour soutenir l’innovation notamment des PME, avec un crédit d’impôt sur la R&D offrant un remboursement pouvant atteindre 40% des dépenses engagées. A titre de comparaison, le très généreux CIR français, le deuxième plus important en Europe, plafonne à 30%, là où la moyenne observée au sein de l’OCDE se situe entre 15 et 20%.7 8
Dans le secteur de la santé, ce dispositif a servi à Dimerix, biotech australienne qui lutte contre les maladies rénales et respiratoires, pour financer un essai clinique de Phase 3.
L’Australie peut en parallèle compter sur des entreprises plus établies comme Cogstate,
reconnue pour ses solutions de tests cognitifs intégrées dans des programmes cliniques
liés entre autres à Parkinson et Alzheimer.
Membre de l’AUKUS, le pays compte dans ses rangs des acteurs stratégiques dans le secteur de la défense comme Austal, impliqué dans la construction de sous-marins et autres bâtiments. Pour faire face aux nouvelles formes de guerre, DroneShield – historiquement présente dans le fonds jusqu’à atteindre les 1,8 milliards d’euros de capitalisation – développe des solutions de défense anti-drone.
Côté technologie, Smart Parking est un leader mondial dans la gestion intelligente des parkings et s’inscrit comme un acteur clé dans la thématique des Smart Cities, permettant une fluidification du stationnement et un désengorgement efficace de villes de plus en plus saturées, en Australie mais aussi aux Etats-Unis.
Enfin, le pays a fait de la transition écologique une priorité absolue et dans le cadre de l’Integrated System Plan qui définit les besoins en investissements pour achever l’objectif Net Zero d’ici 2050, des financements ont déjà été débloqués, à l’image des 20 milliards de dollars australiens du plan Rewiring the nation. GenusPlus, expert dans la conception et l’installation de réseaux électriques, bénéficie directement de cette dynamique.
Ainsi, les microcaps australiennes constituent une exposition méconnue mais somme toute attractive et diversifiante, qui représente 7,5% de notre univers d’investissement, soit 23 sociétés au sein de notre portefeuille Mandarine Global Microcap contre moins de 2% sur un indice global large cap traditionnel. Cette exposition continue de contribuer positivement à la performance de cette stratégie qui s’apprête à souffler sa dixième bougie.