Affaiblissement de l’économie mondiale

par Lukas Daalder, stratégiste chez Robeco

Si depuis quelques mois les principales données macroéconomiques étaient bien meilleures que prévues, les dernières semaines ont été décevantes. La frayeur créée par cette mauvaise surprise a été grande et certains rapports ont même fait état d'un retournement important et inattendu. Une baisse de la confiance des producteurs dans la zone euro et aux États-Unis, un affaiblissement des ventes de détail et des chiffres relatifs au marché du travail en baisse sont autant d'éléments qui indiquent un ralentissement de croissance.

Cet affaiblissement a deux principales raisons possibles : une réaction tardive à la forte augmentation des prix du pétrole et une pénurie de pièces détachées dans l'industrie automobile due au séisme au Japon. Dans les deux cas, il semble que l'effet soit uniquement temporaire : les prix du pétrole et des matières premières ont enregistré une baisse considérable depuis le début de mai, tandis que le processus de reconstruction s'accélère au Japon. Par ailleurs, les données décevantes ont eu pour effet d'entraîner une nouvelle baisse des taux des marchés de capitaux à l'échelle planétaire, ce qui profitera à l'économie mondiale dans les prochains mois. Si les marchés financiers ont réagi de manière négative à cette nouvelle, les dégâts sont toutefois restés limités, notamment en ce qui concerne le marché des actions.

La confiance des producteurs perd du terrain

L'affaiblissement touche également l'économie américaine. Ce qui a le plus retenu l'attention ont été les chiffres décevants en matière de création de nouveaux emplois (le payroll report) et la forte baisse de la confiance des producteurs (l'indice manufacturier ISM). Cet indice a enregistré sa plus forte diminution en plus de 27 ans. Si cela peut sembler être une menace, on peut aussi l'envisager sous un autre angle : étant donné que l'ISM a fluctué à un niveau incroyablement élevé au cours des derniers mois, une correction était de toute manière justifiée. D'ailleurs, même après la forte baisse enregistrée en mai, la confiance des producteurs est actuellement encore à un niveau qui indique une poursuite de la croissance.

Les hauts et les bas de la crise de l'euro

Bien que la crise de l'euro sévisse depuis déjà près d'un an et demi, la fin n'est toujours pas en vue. Actuellement, ce sont les développements liés à la Grèce, le pays où la crise avait commencé, qui retiennent (à nouveau) l'attention. Entre-temps, si tout le monde est d'accord pour reconnaître que la Grèce a besoin d'une aide supplémentaire, les désaccords portent principalement sur le montant et la forme que prendra ce soutien. Une restructuration de la dette de la Grèce semble inévitable en raison de son ampleur. Toutefois, il s'agit là d'un scénario que la BCE ne veut pas envisager. Pour les marchés financiers, la crise de l'euro se comporte un peu comme l'effet de la marée : parfois les nouvelles sont totalement ignorées (marée basse) et l'on assiste ensuite à une forte pression à la vente des marchés d'actions et obligataires sud-européens et/ou de l'euro (marée haute). Pour l'instant, il n'y a pas encore eu de véritable rupture de digue.

Japon : faible reprise

Le Japon est balloté entre l'espoir et la peur. Suite à la succession de catastrophes auxquelles nous assistons depuis mars, tout le monde s'accorde à penser que le pays mérite bien quelques bonnes nouvelles. C'est probablement ce qui explique le rapport porteur d'espoir qui a suivi la publication des données économiques portant sur mai. En réalité cependant, tous les chiffres ont jusqu'à présent été inférieurs aux prévisions, à l'exception des chiffres relatifs aux coûts estimés pour la reconstruction. S'il est vrai que la production industrielle a enregistré une progression, cette croissance de 1% seulement, après la baisse de 15,5 % enregistrée en mars, est néanmoins décevante. La reprise gagnera probablement en vigueur au cours des prochains mois, mais pour l'instant, il ne reste qu'à espérer.

Même les marchés émergents se stabilisent

Au cours des dernières semaines, les marchés émergents ont eux aussi présenté des chiffres moins positifs pour la croissance. Si les prix des matières premières et la pénurie de pièces détachées y ont également joué un rôle, la politique appliquée porte ses fruits : depuis le début de l'année, les taux ont été relevés graduellement dans chaque pays dans le but de maîtriser l'inflation. Si cette politique est certes appliquée avec les réticences habituelles, la récente diminution des prix des matières premières a toutefois commencé à entraîner une légère réduction de la pression inflationniste.

Baisse des marchés de capitaux

À l'échelle planétaire, l'affaiblissement de l'économie mondiale, la diminution des prix des matières premières et l'augmentation de l'incertitude sur les marchés financiers ont contribué à soutenir les marchés des capitaux. Les taux de ces derniers ont enregistré un repli compris entre 0,2 point de pourcentage (Japon) et 0,5 point de pourcentage (USA, Europe).