par Patrice Gautry, Chef économiste à l'Union Bancaire Privée
La banque centrale a décidé d’augmenter ses achats mensuels sur les obligations gouvernementales afin de s’assurer que les conditions financières restent accommodantes. Cette décision vient logiquement après les déclarations de Madame Lagarde et de Monsieur Lane qui pointaient sur les risques associés aux dernières hausses rapides de taux sur les marchés obligataires.
Les marchés obligataires ont accueilli favorablement cette décision et les taux européens se sont détendus lors de la séance.
Madame Lagarde ne sait néanmoins pas prononcer sur les montants en jeux en renvoyant aux prochaines statistiques hebdomadaires pour juger de l’ampleur de l’action de la banque centrale. Une hausse forte et durable réduirait alors l’enveloppe totale plutôt que prévu.
Le scénario économique de la banque reste prudent en mentionnant les risques qui demeurent à court terme liés à la pandémie et au faible rythme de vaccination.
La banque s’attend à une accélération de la conjoncture au deuxième semestre et a révisé en hausse ses attentes de croissance pour 2021 à 4 % (contre 3.9 %) ainsi que celle d’inflation de 1% à 1,5 %.
La croissance attendue pour 2022, ainsi que l’inflation, restent modérées à seulement 4,1 % et 1,2 % respectivement. Ce scénario reste plus faible que les attentes du consensus pour 2021.
La banque a rappelé qu’elle ne croyait pas à une remontée durable de l’inflation et estime que la hausse de 2021 restera temporaire. Les prévisions d’inflation de moyen terme restent donc en-deçà de l’objectif d’inflation de 2 % ce qui supposerait une politique monétaire encore accommodante bien au-delà de la fin du PEPP prévue pour mars 2022.
Malgré l’ajustement sur les achats mensuels, La banque a réaffirmé la symétrie autour des montants du PEPP celui-ci pouvant être augmenté selon les besoins ou ne pas être utilisé en totalité si les conditions s’améliorent nettement.
Alors que le marché s’attend à une utilisation totale du PEPP, le maintien de cette symétrie pourrait être révélateur de divergences au sein du conseil des gouverneurs quant à l’utilisation totale du PEPP.
Par ailleurs, si la communication a essayé de clarifier la définition des conditions financières utilisées par la banque comme indicateur de sa politique monétaire, l’écart entre les conditions relativement favorables sur les marchés et les premiers signes de resserrement de l’offre de crédit des banques est resté sans plus d’explication, alors qu’il menace l’efficacité ultime de cette politique de relance monétaire.