par Patrice Gautry, Chef économiste à l'Union Bancaire Privée
La BCE a donné des liquidités supplémentaires à un cout extrêmement bas pour les banques mais ne peut relancer seule l’activité. Les nouvelles mesures annoncées aujourd’hui reflètent un effort sur les injections de liquidités et de nouveaux montants d’achats sur les marches financiers, avec un désir de cibler le crédit. Ces mesures devraient permettre d’assurer d’une liquidité suffisante sur les marchés monétaires et obligataires et ainsi de contenir les éventuels débordements négatifs sur le marché du crédit européen.
Des liquidités supplémentaires importantes sont offertes aux banques, a un cout négatif dans le meilleur des cas. Les banques sont incitées à maintenir ouvert les différents guichets de crédit pour les ménages et les entreprises ; dans ces mesures rien ne les oblige ni les incite à prêter plus surtout si les entreprises et les ménages sont impactés sur leurs revenus et leurs bilans par le COVID ; le risque peut ainsi demeurer que les banques soient de plus en plus prudentes face a une détérioration de leurs portefeuilles de prêts et ne réduisent en fait leurs nouveaux prêts. Si le discours met l’accent sur les prêts aux petites et moyennes entreprises, les mesures semblent trop globales, comparées à celles présentées par la Banque d’Angleterre, et ne ciblent pas dès l’origine de ces facilités les entreprises et leur taille comme destinataires.
Une garantie de l’état sur le prêts immobilier ou les prêts aux entreprises, comme celle mise en place en Italie, semble pertinente et nécessaire pour éviter une raréfaction de l’offre de crédit.
C’est bien une action coordonnée des politiques budgétaire et monétaire qui est de plus nécessaire et urgente au vu du krach sur les marchés financiers qui se dessine; la BCE a encore une fois appelé à une action forte, immédiate et coordonnée de la politique budgétaire, mais elle ne semble pas être suffisamment entendue par la Commission Européenne ni le Conseil Européen ; le retard dans l’action risque de devoir mobiliser encore plus de fonds qu’une action préemptive : des plans budgétaires inférieurs à 1% du PIB ne seront pas jugés suffisants par les marchés financiers dans cet environnement.