BCE, une nouvelle baisse de taux et un discours plus accommodant

par Juliette Cohen, Stratégiste chez CPR AM

Comme cela était anticipé, la BCE a baissé ses taux directeurs pour la 3èmefois par une décision prise à l’unanimité. Elle traduit une confiance accrue dans la désinflation mais résulte également des risques baissiers qui pèsent sur une dynamique de croissance déjà faible dans la zone. 

  • La BCE a décidé de baisser ses taux directeurs de 25 bp, ce qui porte le taux de dépôt à 3,25%, le taux de refinancement à 3,40% et le taux de la facilité marginale de prêt à 3,65%. Elle justifie ce mouvement par un processus de désinflation qui est « en bonne voie », des perspectives d’inflation qui ont été affectées par les récentes surprises négatives sur l’activité et des conditions de financement qui demeurent restrictives.La confiance dans le processus de désinflation a progressé. Christine Lagarde a notamment répété à de nombreuses reprises que « desinflation is well on track ». Elle a précisé que toutes les données qui sortaient « allaient dans la même direction » : inflation, inflation core, salaires. Elle a ajouté que les enquêtes dans le secteur manufacturier se dégradaient encore en zone de contraction et que l’activité dans les services ralentissaient. Les exportations de biens étaient en baisse et la consommation s’avérait moins forte que prévu.A la question qui lui a été posée d’une baisse de 50 bp plutôt que 25 bp, Christine Lagarde a répondu que ce n’était pas un exercice de prévisions et qu’il y aurait beaucoup plus de données disponibles en décembre. Philip Lane a proposé une baisse de 25 bp et après discussion, cette décision a été adoptée à l’unanimité.

Pour les perspectives, elle est restée prudente et a donné peu d’éléments :

  • Pour Décembre : « Je n’ai ouvert la porte à rien du tout ». La BCE reste « data dépendante » et prendra ses décisions meeting par meeting.
  • Nous ne voyons pas une récession mais nous nous plaçons dans un scénario de soft landing. Nous nous intéressons à la croissance dans la mesure où elle a un impact sur l’inflation. Les risques qui pèsent sur la croissance sont néanmoins orientés à la baisse.
  • Au global, la décision tout comme l’argumentaire qui la justifie étaient plus « dovish » :
    • D’abord, la confiance renforcée dans le processus de désinflation.
    • Ensuite, l’attention accrue portée à l’activité qui ralentit plus qu’anticipé.

Cette baisse du taux de dépôt de 25 bp était attendue à la suite des récentes interventions des membres du conseil des gouverneurs et des minutes du comité de septembre qui mentionnaient clairement le risque « d’undershooting de l’inflation » et la possibilité d’accélérer le rythme de baisse de taux si les données le justifiaient. Une nouvelle baisse de taux en décembre est très probable.