« Bear Market » pour les 7 Magnifiques…et ensuite ?

par Alexandre Baradez, Responsable de l’analyse marchés chez IG France

Avec une correction de 23% depuis sommet de décembre, les 7 Magnifiques sont donc techniquement entrés en « bear market ».

Pour mémoire, le groupe des 7 Magnifiques inclut Microsoft, Apple, Amazon, Meta, Tesla, Nvidia et Alphabet. Cette baisse de 23% s’est faite en 12 semaines, depuis le sommet historique de l’indice inscrit mi-décembre.

Est-ce que cette purge est suffisante pour repartir de l’avant dans les semaines qui viennent ? Rien n’est moins sûr.

Sur les 10 dernières années, ce groupe de valeurs a enchaîné les rallyes spectaculaires…suivis de corrections d’ampleur. Le rallye de 2016 à 2018 (+210%) s’est soldé par une correction de 30% en 3 mois. Le rallye de 295% depuis le creux du Covid jusqu’au sommet de 2022 s’est soldé par une correction de…50% entre 2022 et 2023. Et enfin, le dernier et gargantuesque rallye de 285%, de 2022 à 2024, se solde pour l’instant par une correction de « seulement » 23%. Si l’on reproduit un schéma de correction similaire aux deux précédents rallyes, il y a donc encore de la marge pour une poursuite de la correction.

Quels arguments plaident pour une poursuite de la correction dans les semaines qui viennent ? Tout d’abord une forme de « rotation » qui se poursuit vers les actions chinoises, que ce soient les valeurs technologiques mais également celles d’autres secteurs. L’indice MSCI China surperforme le SP500 de 23% (!) sur le trimestre en cours, ce qui n’était pas arrivé depuis 2007. Et malgré cette surperformance massive, la valorisation des actions chinoises reste modérée : seulement 11 fois les bénéfices pour l’indice Hang Seng par exemple contre 25 fois les bénéfices pour le SP500.

Et la Chine devrait mettre en place dans les mois qui viennent des mesures visant à accroître les revenus et à stimuler la consommation selon l’agence officielle Xinhua News Agency. Donc normalement pas de quoi faire retomber l’appétit retrouvé des investisseurs pour les actions chinoises, des actions qui avaient sous-performé les actions américaines sur toute la période post-Covid.

Une rotation qui bénéficie aussi aux actions européennes, comme en témoigne, là aussi, la surperformance par rapport aux actions américaines depuis le début de l’année.

Les causes de cette faiblesse des actions américaines depuis plusieurs semaines sont bien connues : guerre commerciale, positionnement géopolitique de la nouvelle administration, ajustement brutal de certains effectifs de fonctionnaires, craintes des consommateurs et des entreprises américaines face au rythme erratique des annonces de Donald Trump. Et statu quo de la Fed qui refuse de modifier sa politique monétaire avant d’en voir plus sur les effets des nouvelles politiques mise en place.

Ces éléments étant toujours d’actualité, il n’y a pas raison particulière pouvant justifier un changement d’attitude des investisseurs par rapport aux actions américaines dans les semaines qui viennent.