par César Pérez Ruiz, Responsable des Investissements et CIO chez Pictet Wealth Management
La victoire écrasante remportée aux élections législatives qui se sont déroulées la semaine dernière au Royaume-Uni assure aux conservateurs leur plus forte majorité au Parlement depuis plus de trente ans. Dans le sillage de ce scrutin, les actions britanniques ont rebondi, de même que la livre sterling, les investisseurs se réjouissant de la défaite de Jeremy Corbyn et d’une possible sortie de l’impasse du Brexit. La campagne menée par Boris Johnson sous le slogan «Get Brexit done» a de toute évidence convaincu des électeurs inquiets. Ce résultat nous semble porteur à long terme pour les actions britanniques et européennes, à l’égard desquelles nous sommes plus que jamais positifs.
Le risque d’une sortie de l’Union européenne sans accord devrait toutefois refaire surface, à court ou moyen terme, avant la fin de la période de transition post-Brexit fixée au 31 décembre 2020. En Ecosse, la tenue d’un deuxième référendum sur l’indépendance semble de plus en plus probable après la très large victoire du SNP aux législatives. Nous suivrons ces deux situations de près en 2020.
La semaine écoulée a aussi été marquée par des avancées concrètes concernant une autre grande inconnue pour les marchés: les relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. En effet, après des mois de tergiversations, un accord préliminaire entre Pékin et Washington a été annoncé vendredi dernier. Ainsi, les droits de douane punitifs qui devaient toucher dès dimanche l’équivalent de 156 milliards de dollars d’importations chinoises ont été suspendus et les taxes existantes sur 120 milliards de dollars de produits chinois abaissées à 7,5%. Les actions américaines se sont envolées vers des niveaux record à l’annonce de la nouvelle. Il reste à voir, cependant, si la Chine pourra honorer sa part de l’engagement dans le respect des règles fixées par l’OMC. Sachant que la Fed et d’autres banques centrales devraient, comme prévu, maintenir leurs politiques monétaires inchangées, les développements récents nous paraissent de bon augure pour une nouvelle prolongation du cycle conjoncturel en cours.
Après les efforts déployés la semaine dernière pour obtenir des pays de l’Opep+ de nouvelles réductions de production, l’Arabie saoudite a célébré l’entrée en bourse tant attendue de la société publique SaudiAramco. La capitalisation boursière du géant pétrolier, qui a vu son titre progresser de 10%, a atteint 2000 milliards de dollars le deuxième jours de cotation, ce qui fait de Saudi Aramco la société la plus chère du monde (sa valorisation dépasse celle des cinq plus grands groupes pétroliers réunis) et propulse le marché actions saoudien au septième rang des marchés mondiaux, devant l’Inde, l’Allemagne et le Canada. Nous restons positifs à l’égard du secteur de l’énergie; au demeurant, les valeurs cycliques de qualité pourraient elles aussi profiter des événements récents.