par Gero Jung, Chef Economiste chez Mirabaud AM
L’incertitude qui va planer jusqu’au référendum de juin entre clairement en jeu dans nos décisions. En cas de oui au référendum sur la sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni quittera très probablement l’UE. L’article 50 du traité de Lisbonne sera alors invoqué, rendant possible, à défaut d’un accord, une sortie de l’UE dans les deux années qui suivront. Pour mémoire, le Groenland avait décidé de quitter la Communauté économique européenne (CEE) en 1985, et les négociations ont duré trois ans.
• Le débat que suscite l’éventualité d’un Brexit vous a-t-il amené à modifier le positionnement de votre portefeuille ?
Nous pensons que c’est principalement la monnaie qui va ressentir les effets de cette situation jusqu’au mois de juin. C’est la raison pour laquelle nous avons adopté une position plus conservatrice sur la livre sterling, en recommandant la couverture du risque de change.
• Pensez-vous modifier votre positionnement dans un futur proche ?
Non, nous restons prudents sur la livre sterling et conservons une exposition neutre sur les actions britanniques.
• Quels sont les effets sur les marchés de ces discussions sur un éventuel Brexit ?
Elles ont pour effet de renforcer les incertitudes. Les sondages montrent que les scénarios d’une sortie ou d’un maintien dans l’UE vont se relayer jusqu’en juin 2016. Si le référendum plébiscite une sortie de l’UE en juin, la demande de Gilts pourrait augmenter dans la foulée ; les Gilts sont une valeur refuge dans un monde très incertain, où la zone euro demeure fragile. La Suisse en est un bon exemple. Les marchés obligataires sont manifestement touchés par ce phénomène.
• Les marchés tiennent-ils déjà compte d’un Brexit dans les valorisations ?
Non, mais les inefficiences des relations entre le Royaume-Uni et l’UE pourraient s’accentuer. Les chiffres montrent bien que l’UE est toujours un partenaire commercial extrêmement important pour le Royaume-Uni. Les exportations de marchandises vers l’Europe représentent presque 50% des exportations britanniques totales ; et la part des produits est plus élevée que celle des services (les exportations de services vers l’Europe représentent moins de 40% du total des exportations de services britanniques).
• Quel serait l’impact d’un Brexit sur les marchés ? Certaines régions, certains secteurs ou certaines classes d’actif seraient-ils particulièrement touchés ?
La livre sterling pourrait dégringoler. Les marchés actions pourraient également être touchés, par exemple, les secteurs où une forte proportion de travailleurs européens est représentée pourraient subir une hausse des coûts des salaires, mettant la rentabilité des entreprises en danger.