par Gianni Pugliese, Analyste Obligations chez Mirabaud
La Banque Centrale d’Australie a choisi de laisser son taux directeur inchangé à 1%, préférant évaluer l’impact économique des récentes baisses de taux et d’impôts. Son Gouverneur, M. Philip Lowe, attend de voir si ses espoirs d’amélioration économique, évoqués le mois dernier, se matérialisent ou non.
Mais les marchés sont sceptiques. Ils sont d’avis que les répercussions des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine n’offrent pas d’autre choix que celui de continuer à réduire les taux d’intérêt. Pourtant, M. Lowe entrevoit déjà des signes encourageants, notamment sur le marché immobilier avec des prix en augmentation de 1.5%. Il s’inquiète plutôt des perspectives de consommation domestique, mais mise sur l’augmentation du revenu disponible au sein des ménages et sur la stabilisation du marché immobilier pour soutenir la demande. Il table également sur la croissance des exportations, grâce à l’affaiblissement du dollar australien.
Au final, le tout devrait atténuer les vents contraires issus de facteurs exogènes. L’analyse est jugée optimiste car les revenus des exportations chutent, le taux d’endettement des ménages australiens est élevé et la croissance salariale est faible.
C’est pourquoi le marché estime que d’autres coups de pouce de la Banque Centrale seront nécessaires. M. Lowe ne l’exclut pas non plus lorsqu’il déclare que non seulement les taux devraient rester bas pendant une longue période mais que, suivant l’évolution économique, la politique monétaire pourrait être d’avantage assouplie. Les taux ont été réduits à deux reprises en juin et en juillet dans un climat de tourmente mondiale et de ralentissement domestique. Sur ce dernier point, la croissance s’est affichée à 1.4% au T2, un ralentissement marqué par rapport aux trimestres précédents. Mais entretemps, les réductions d'impôt promises avant les élections du mois de mai ont commencé à rentrer dans les comptes bancaires des australiens.
En tant qu’économie ouverte, l'Australie est très sensible aux conséquences des tensions commerciales. A titre d’exemple, les cours du minerai de fer – principal produit d'exportation du pays – se sont effondrés de 28% entre mi-juillet et mi-août. En juillet, le FMI a encore revu à la baisse ses perspectives de croissance mondiale pour 2019, de 3.3% à 3.2%, invoquant la nécessité de mettre un terme aux tensions commerciales et technologiques, sous peine de perturber de façon significative les chaînes d’approvisionnement. M. Lowe va dans le même sens, déclarant que les différends commerciaux et technologiques affectent les flux commerciaux et les investissements à l’échelle mondiale, poussant les entreprises à réduire leurs dépenses.
Alors à quand la prochaine baisse des taux ? Probablement durant le dernier trimestre de cette année selon les prévisions des économistes. A croire que si les Banques Centrales espèrent, les marchés, eux, ne doutent pas…